Le rapport Blue charity business avait mis à jour la stratégie de grandes fondations américaines, liées à des multinationales, pour privatiser les ressources marines et libérer nos mers et nos océans de leurs multitudes de pêcheurs artisans pour des intérêts miniers, énergétiques, touristiques… Les rencontres de Guérande ont révélé les similitudes terrestres et maritimes : sur tous les continents, les communautés sont spoliées de leur accès à leurs montagnes, leurs forêts, leurs lacs dès lors qu’ils recèlent des richesses exploitables, monnayables, valorisables…
Les richesses communes de la planète disparaissent au profit de quelques grandes firmes internationales, hors de contrôle des Etats quand elles ne bénéficient pas de leur soutien. Là où les territoires communs donnent lieu à de multiples usages (chasse, pêche, loisirs, cueillette…) au bénéfice de tous, l’exploitation par ces firmes est généralement mono spécifique (du minerai, du pétrole ou du gaz…) au bénéfice d’une compagnie. Elle génère presque toujours des désastres écologiques (empoisonnement de l’eau par l’exploitation minière, pollutions, destruction des écosystèmes…), sources de désastres économiques, sociaux, humains…
L’un des procédés utilisés pour limiter les contestations consiste à occuper les médias et focaliser l’attention sur des sujets subalternes liés à leurs stratégies. La communication est d’abord une question d’argent et quand on remonte les filières financières des organisations environnementales (voire scientifiques) et des structures d’alerte (style Avaast…), il n’est pas rare de retrouver ces fondations. La pêche en fait souvent les frais. Comment comprendre le tollé contre le chalutage de grands fonds, ces quelques 300 bateaux étroitement contrôlés, aux débarquements très surveillés, qui en quelques semaines ont agité le monde des écolos avec des aliénations fausses et des images chocs ? Comment interpréter cette nouvelle vague contre les aides à la pêche, limitées aux seuls bateaux artisanaux (moins de 12m) avec des critères très restrictifs ? Pendant ce temps-là , un tiers des ressources marines* partent chaque année à la farine, de par l’action de quelques grandes flottes industrielles minotières. Pendant ce temps là , l’usage de pesticides, toujours licites, ruine à la base de la chaine alimentaire marine l’univers indispensable des diatomées (60% du plancton végétal). Bien qu’essentielles sur le plan environnemental, ces questions ne sont que trop rarement évoquées. L’agitation médiatique ne suit pas une courbe rationnelle au regard des impacts et de leurs incidences respectives… Et tandis que les pêcheurs artisans luttent pour leur avenir contre de multiples feux, d’autres placent leurs pions sur l’échiquier marin. Il n’est que de voir les cartes des projets de plate-formes pétrolières ou de sites éoliens, en zones marines, ou de lire cet étonnant article sur l’exploitation minière sous-marine en zone côtière et en eau profonde**. Les mers et océans constituent le dernière continent libre et « commun ». La guerre économique pour son exploitation à grande échelle*** est commencée, les pêcheurs n’en sont que les témoins gênants. Les lois anti-trusts feront-elles partie des solutions à envisager ?
*Les espèces dites fourrage parce qu’elles nourrissent les autres, elles nourrissent aussi les hommes puisqu’il s’agit de sardines, anchois, maquereaux, chinchards… ** Quelques extraits de cet article traduits en français :L’exploitation minière sous-marine peu profonde est déjà une réalité dans les zones côtières , telles que l’exploitation de diamant en Namibie, qui atteint des profondeurs allant jusqu’à 150 mètres. Le défi actuel consiste à déplacer ces opérations en eau profonde qui contient de vastes ressources minérales, y compris le manganèse, le fer, le nickel , le cuivre, le cobalt, les terres rares et l’or , souvent associées à des zones d’activité volcanique…. à€ ce jour, l’Autorité internationale des fonds marins (compétente au-delà des zones économiques exclusives) a conclu dix-sept contrats de 15 ans pour l’exploration, par 13 entrepreneurs, des nodules polymétalliques et des sulfures polymétalliques dans les grands fonds marins… Ces faits suggèrent que nous pourrions bientôt faire face à une ruée vers l’or sous l’eau, alors que dans l’esprit de la plupart des citoyens l’exploitation des fonds marins relève encore de films à science-fiction…. Outre l’élimination directe de certaines parties du fond de la mer au cours de la collecte de minéraux, l’augmentation de la toxicité et de la turbidité est prévu dans la colonne d’eau en raison de la remise en suspension des sédiments lors de l’extraction, et du rejet de panaches de résidus (+ 90% du volume pompé) qui pourront libérer d’énormes quantités de métaux et autres, affectant les écosystèmes à proximité… *** A quand le recyclage de carbone sous-marin ?