Payer pour pêcher : un transfert du droit de pêche vers l’industrie
Introduire la monétarisation de droits de pêche individuels ne constitue aucune garantie de « bonne gestion de la ressource et de l’environnement ‘ par une flottille industrielle (dé-territorialisée), juste une modification dans les calculs de rentabilité du fait de ce surcoà’t . Par contre, l’armement industriel a une plus grande capacité financière pour intégrer ce surcoà’t et capitaliser des droits de pêche. Dans un contexte de raréfaction des ressources et des zones de pêche disponibles, cette mesure a donc pour effet de concentrer les droits de pêche dans les mains des armateurs industriels au détriment des pêcheurs artisans.
Une gestion collective, au cas par cas, plutôt qu’une allocation nationale
En pratique, les exploitants des grands métiers, moins « adaptables ‘ que ceux des petits métiers, cherchent à gérer leur activité avec une certaine « visibilité ‘, d’où l’idée de répartir, annuellement ou saisonnièrement, des quotas de façon individuelle. Cette mesure de répartition, prise collectivement et ajustée périodiquement au sein d’une Organisation de Producteurs, a un autre sens que l’institution nationale de quotas individuels qui, comme les Permis de Mise en Exploitation (PME) individuels, accordés pour la puissance des moteurs et le tonnage des bateaux, glisseront, dans un contexte de rareté, vers un marchandage de ces droits et une concentration du secteur.
Une position collective à soutenir
Cette prise de position collective n’est pas facile dans une situation où les lobbies industriels sont forts et où les nombreux professionnels qui arrivent en fin de carrière voient d’un bon œil le fait de profiter gracieusement d’un droit qu’ils monnaieront avec la cession de leur navire. Cette redistribution, par les pouvoirs publics, d’un bien commun au profit de l’industrie, et avec des conséquences dommageables pour la ressource et l’environnement maritimes doit faire l’objet d’un large débat public dans la mesure où elle nous concerne tous, en tant que citoyen et contribuable.
Débat à la prud’homie autour du paiement d’un droit de pêche à une société de pêche en rivière pour permettre aux professionnels d’y travailler : instinctivement les pêcheurs perçoivent que cette décision transformerait radicalement leurs droits d’usage :
– « Ce serait bien la première fois qu’on paierait pour pêcher !
– Nous qui y travaillons régulièrement, nous pouvons reverser une part de nos revenus
– Ceux qui vont payer vont se croire propriétaires, les autres ne pourront plus y aller.
– Faut bien voir qu’à cet endroit on peut pas être plus de 2 ou 3, ou alors on videra la zone.
– Oui mais ce n’est pas nominatif. On doit pouvoir y aller si on en a besoin et c’est à la prud’homie à organiser les postes.
– La prud’homie pourrait participer au ré-alevinage au nom de la communauté plutôt que de s’engager dans des droits de pêche individuels, et cela rentrerait dans le cadre de notre gestion environnementale ‘