Les mots de Clairin* : «Je n’ai jamais fait de la plongée. Le fond, ça se voit pas à l’œil mais on sent ce qu’on fait, on sent où on est. La bronde, ça vient de « bronder » : sauter… C’est à dire que d’une certaine hauteur, tu sautes beaucoup plus bas, d’un coup. C’est le saut entre 18 et 20 brasses. Le fond de la mer change. La posidonie s’arrête. Tu as une autre végétation, tu as des coraux. Les couleurs changent, tout devient plus rouge, moins vert. Alors, les poissons changent. Les girelles d’un coup de noir, jaune, verte, elles deviennent plus rouges. Evidemment, on pêche beaucoup au « tomber de bronde ». Là , tu as des pierres, tu as des cavités, c’est un petit ravin. Alors, le poisson il aime ça. Y a du vivre et de la défense sur une pierre. Les pierres sont recherchées. C’est là que se tient le beau poisson, et même s’ils naviguent les poissons de roche ont leur nid dans la roche, ils ont leur cave dans la roche. Quand je suis sur l’eau, sur le matelas, là où la posidonie est la plus belle, n’importe quel poisson qu’il y aura dans le bateau, je te dirai s’il vient “de terre de brondeâ€([Entre la terre et la bronde)] ou « d’en dehors de bronde »(On dit aussi « fouare bronde ». Fouare signifie : « en dehors ». Les « pierres fouares » sont les roches au-delà de la bronde.)à moins que ce ne soit des poissons voyageurs
La terre, c’est un peu pareil. Si tu es en montagne, à partir de chaque plateau tu as une végétation, des sortes de bêtes qui l’habitent ; les marmottes, les bouquetins ils sont à une certaine hauteur Et encore il y a l’homme qui détruit ou qui façonne à sa façon.. On dirige un peu sur la terre, c’est un peu artificiel tandis qu’à la mer c’est chacun pour soi. A la mer chacun vit selon ses aptitudes et ses possibilités’
* Clairin Deines, ancien pêcheur du Brusc.