Depuis 3 ans, avec le Comité Local des pêches, on a mis en place une gestion des gisements classés de coques et palourdes dans la rivière de Pont l’Abbé. Les résultats ont été au-delà de ce qu’on avait escompté puisqu’on a retrouvé une biomasse importante et de qualité sur la ria. Cela a éveillé la convoitise de certains ostréiculteurs qui ont réactivé les parcs inoccupés depuis des dizaines d’années et qui cloisonnent maintenant une partie du banc naturel de palourdes.
La récolte des palourdes et des coques est soumise à une licence régionale et au paiement d’un timbre par gisement. Les licences pour les gisements de l’estuaire de Pont l’Abbé sont plafonnées à 50 (25 timbres de palourdes et 25 de coques) ; la capture journalière ne doit pas dépasser 30 kg par professionnel pour les palourdes (taille minimale : 4 cm) et 100 kg pour les coques (taille minimale : 2,7 cm). Elle se pratique du lever au coucher du soleil, elle est interdite en plongée.
La ressource est partagée par les pêcheurs professionnels et de loisirs. Sur l’estran, les amateurs sont limités à 3 kg de palourdes ou 3 kg de coques, par jour et par personne. De 700 à 1000 pêcheurs de loisirs exercent sur cette rivière. Le braconnage est récurent sur l’ensemble des gisements mais les contrôles, la pression du comité local, la médiatisation des procédures contribuent à endiguer une partie de ces prélèvements illicites
La pêche est fermée 3 mois (de mars à juin) pour faciliter la reproduction. Elle est encore arrêtée, en cas de dinophysis([Serait lié notamment à la richesse nutritive des pollutions terrestres, ainsi qu’à « la stratification des masses d’eaux en couches de température et de salinité différentes ‘)]. Il s’agit d’espèces de phytoplancton ([Plancton végétal qui fait la photosynthèse, base des chaînes alimentaires marines)].qui se développent au printemps sur nos côtes, et qui peuvent entraîner la toxicité des coquillages.
La zone de Pont-l’Abbé a failli être déclassée([Les coquillages des estuaires, classés sanitairement en zone B (cas général), doivent être épurés dans une station agréée. Les municipalités riveraines informent les pêcheurs de loisirs des risques sanitaires liés à la consommation de coquillages provenant de sites classés sanitairement en B.)] mais la station d’épuration a été refaite et sera bientôt opérationnelle avec le rejet des effluents en mer, plutôt que dans la rivière. Suite à une pollution qui avait entraîné une fermeture de 3 mois, les pêcheurs avaient provoqué des réunions avec les acteurs concernés, et contribué à la mise en place d’un SAGE3. Deux études ont révélé des écoulements issus de zones d’épandage, des rejets sauvages et le rejet non conforme des effluents de la station d’épuration.
José Gouyen, pêcheur à pied professionnel.