… En utilisant les images de l’instrument SeaWIFs (Sea-viewing Wide Field-of-view Sensor), en orbite depuis 1997, des océanographes menés par Jeffrey Polovina (National Oceanic and Atmospheric Administration, NOAA) ont dressé la carte des grands déserts océaniques et, surtout, sont parvenus à en déterminer l’évolution depuis une décennie.
Leurs travaux, à paraître dans la revue Geophysical Research Letters (GRL), montrent une progression rapide de ces zones biologiquement peu actives. Depuis 1998, ces « déserts » ont gagné environ 6,6 millions de km2, soit douze fois la superficie de la France métropolitaine.
En mer comme sur les terres émergées, le désert est un espace privé de végétaux photosynthétiques… La superficie de ces zones augmente dans quatre bassins : Atlantique nord et sud, Pacifique nord et sud. L’Atlantique nord est le plus touché avec une croissance moyenne de ses déserts de 8,3 % par an…
Lorsque les couches supérieures de l’océan – celles qui bénéficient de la lumière du soleil – sont plus chaudes, elles tendent à moins se mélanger aux eaux des profondeurs, qui sont froides. Or ce mélange est nécessaire à la croissance du plancton végétal…
Les modèles simulant le réchauffement climatique prévoient une expansion des déserts océaniques « dix à vingt fois moins rapide que ce que montrent les observations »… Soit les modèles sous-estiment considérablement les effets du changement climatique sur la biologie marine ; soit une part du phénomène résulte d’autres facteurs.
La désertification des océans aura un impact sur les ressources halieutiques, mais aussi sur la capacité des océans à absorber le dioxyde de carbone (CO2)…