Un diplomate japonais a prévenu mardi que les pourparlers internationaux sur la chasse à la baleine entraient dans une « année décisive » et qu’il existait « de grands risques d’échec » des discussions.
« Cette année sera décisive », a affirmé Joji Morishita, un des principaux négociateurs japonais à la Commission baleinière internationale (CBI), l’organisation au sein de laquelle 80 pays tentent depuis des années de parvenir à un compromis pour réglementer la chasse et la conservation des baleines.
La CBI s’est transformée en lieu d’affrontement entre les Etats « chasseurs » (Japon, Norvège et Islande, qui tuent environ 2.000 baleines par an) et « protecteurs » de l’espèce (dont l’Australie, la France et le Brésil).
« Nous devons faire des progrès importants ou parvenir à une décision au sommet de Madère », l’île portugaise où la CBI se réunira du 22 au 26 juin, a déclaré M. Morishita, lors d’une conférence de presse à Tokyo.
Vu l’écart des positions, « il faut être réaliste, il y a de grands risques d’échec » des pourparlers, a-t-il averti.
Or, il s’agit « quasiment de la dernière tentative pour les deux camps », a souligné le négociateur, qui a évoqué « une période de temporisation » en cas d’échec.
La CBI impose depuis 1986 un moratoire illimité interdisant la chasse commerciale à la baleine, mais autorisant, selon des quotas précis, la chasse à des fins scientifiques, que pratique notamment le Japon, et la chasse aborigène de subsistance, pratiquée par des peuples autochtones (Sibérie, Alaska, Groenland).
Les pays « chasseurs » voudraient lever ce moratoire, une hypothèse refusée par les « protecteurs ».
Les résolutions de la CBI doivent être approuvées par 75% de ses membres pour être adoptées, un système à l’origine du blocage actuel.
Ses décisions peuvent en outre être contournées par les Etats membres qui disposent d’un « droit d’objection ». Norvège et Islande continuent ainsi de tuer des cétacés à des fins commerciales.
Les prises de position diamétralement opposées des pays membres ont aussi affaibli l’organisation. La CBI juge elle-même son avenir menacé si son mode de fonctionnement n’est pas amélioré et si le climat des discussions ne s’apaise pas.