L’Islande, qui avait repris en 2006 la chasse commerciale à la baleine, va intensifier cette activité controversée, avec des quotas de prises annuelles multipliés par plus de six pour les cinq prochaines années.
« Le quota de prises est fixé sur recommandation de l’Institut de recherche marine », a déclaré à l’AFP le ministre démissionnaire de la pêche et de l’agriculture, Einar K. Gudfinnsson, précisant que dans son dernier rapport, celui-ci suggérait des prises allant jusqu’à 150 rorquals communs et 100 baleines de Minke (ou petits rorquals, une des plus petites baleines, ndlr).
« J’ai toujours souligné que la chasse à la baleine devait être pérenne, et c’est pourquoi je pense que les baleiniers seront satisfaits de ce quota », a-t-il ajouté.
En 2007, le quota annuel avait été fixé à 9 rorquals communs et 30 baleines de Minke, et à 40 baleines de Minke en 2008.
L’Islande est le seul pays au monde avec la Norvège à pratiquer la chasse de la baleine à des fins commerciales. Le Japon chasse pour sa part les baleines sous couvert de recherche scientifique.
Cette décision intervient alors que la coalition gouvernementale (centre-droit et sociaux-démocrates) a démissionné lundi, et devrait être remplacée par un gouvernement réunissant le parti social-démocrate et le parti Gauche-Verts, opposés à la chasse à la baleine.
Arni Finnsson, membre de l’association pour la conservation de la nature islandaise, a immédiatement critiqué cette décision estimant que « cela allait ruiner les chances de l’Islande à la fois sur le plan national et international ».
« J’espère que la personne qui va remplacer Gunnar (Gudfinnsson) aura le courage de revenir sur cette décision », a-t-il déclaré au quotidien Morgunbladid alors que le pays s’efforce de surmonter la crise économique après l’effondrement de son secteur financier en octobre.
La ministre sortante des Affaires étrangères, la sociale-démocrate Ingibjà¶rg Solrun Gisladottir, avait déjà exprimé en mai dernier sa vive opposition à la décision de son propre gouvernement de poursuivre la chasse à la baleine en 2008.
« Il est fondamental qu’on n’interdise pas les Islandais d’utiliser les ressources de l’océan d’une façon durable ou en maintenant l’équilibre entre les espèces », a commenté de son côté la fédération des armateurs de bateaux de pêche.
En dépit des protestations internationales, l’Islande avait annoncé en octobre 2006 la reprise de la chasse commerciale de la baleine après avoir interrompu cette pratique en 1990.
L’annonce de l’Islande ne va pas faciliter la tâche de la Commission baleinière internationale (CBI) qui doit tenir son prochain sommet du 22 au 26 juin sur l’île portugaise de Madère.
La CBI impose depuis 1986 un moratoire illimité interdisant la chasse commerciale à la baleine, mais autorisant, selon des quotas précis, la chasse à des fins scientifiques, que pratique notamment le Japon, et la chasse aborigène de subsistance, pratiquée par des peuples autochtones (Sibérie, Alaska, Groenland).
Les pays « chasseurs » (Japon, Norvège et Islande, qui tuent environ 2.000 baleines par an) voudraient lever ce moratoire, une hypothèse refusée par les « protecteurs ».
Les résolutions de la CBI doivent être approuvées par 75% de ses membres pour être adoptées, un système à l’origine du blocage actuel.