La Commission européenne a proposé jeudi d’interdire la pêche de certaines espèces de squales, menacés de disparition par la surpêche dans les eaux communautaires et l’appétit des consommateurs.
« Beaucoup de gens assimilent plus les requins avec le cinéma qu’avec les tables de restaurant. Or il s’avère que l’homme est plus une menace pour les requins que les requins ne le sont pour nous », a souligné jeudi le commissaire européen à la Pêche, Joe Borg, en présentant à la presse un plan d’action pour protéger l’espèce.
Car le requin est pêché non seulement pour ses ailerons, mais aussi pour « sa chair, qui se retrouve souvent au menu dans les cafétérias, les cantines et les restaurants d’entreprises, mais sans que cela soit dit », a expliqué à l’AFP Sandrine Polti, de l’ONG « Shark Alliance ».
Plusieurs espèces de requins, comme les aiguillats, sont commercialisés sous le nom de « saumonette », terme beaucoup plus vendeur en raison de sa référence avec le saumon, a-t-elle souligné.
La flotte de l’UE pêche chaque année environ 100.000 tonnes de requins et espèces apparentées, comme les raies, soit un huitième des captures mondiales (810.000 tonnes).
« Bon nombre des squales capturés sont des prises accessoires pour les palangriers pêchant le thon et l’espadon », souligne la Commission européenne.
« Un tiers des espèces de requins dans les eaux communautaires sont menacées par la surpêche », a averti M. Borg.
Selon les associations de protection des squales, les plus grands prédateurs européens de requins sont les Espagnols, avec près de 60.000 tonnes, soit 46% des captures communautaires, selon les données de la FAO.
« Les Espagnols sont les premiers pêcheurs de requins en Europe. 165 de leurs navires ont une licence pour prélever les ailerons à bord. Ils exportent ces ailerons vers l’Asie et vendent la chair en Europe, notamment en Italie, premier pays importateur », précise Sandrine Polti.
Trois autres pays pratiquent la pêche aux requins: la France (19,5% des captures) avec une flotte basée à l’Ile d’Yeu (Ouest) spécialisée dans le requin-taupe, une des espèces les plus menacées, le Royaume-Uni (14,6%) et le Portugal (6,5%).
« Le plan d’action vise à protéger ces prédateurs vulnérables menacés par la surpêche, car ils se reproduisent lentement », a insisté le commissaire Borg. Il propose des limitations voire des interdictions pour les captures de certaines espèces menacées, comme l’aiguillat ou le requin taupe.
La Commission demande en outre un contrôle plus sévère des pêcheurs, pour s’assurer du respect de l’interdiction du prélèvement des ailerons à bord des navires. La pratique, qui consiste à rejeter ensuite le squale en mer, est illégale, a rappelé le commissaire Borg.
« Les requins sont situés en haut de la chaîne des espèces. Leur disparition de l’éco-système aurait des conséquences difficiles à imaginer », a-t-il souligné.
La plan ne convainc pas les organisations environnementalistes. « Ce plan manque de mordant », ironise ainsi le WWF. « Il ne comporte aucune obligation », déplore pour sa part l’organisation Oceana.