Le réchauffement climatique pourrait avoir des effets sur la taille des êtres vivants. Selon une étude du Cemagref, publiée récemment dans la revue « PNAS ‘ (1), la masse corporelle des espèces de poissons suivies par les chercheurs européens aurait par exemple diminué en moyenne de 50 % au cours des vingt à trente dernières années.
C’est semble-t-il la première fois que des scientifiques réussissent à établir qu’il pourrait exister un lien entre climat et croissance sur une aussi grande échelle. L’étude (…) porte sur des espèces aquatiques en eau douce et en eau de mer.
Pour diverses raisons, l’équipe du Cemagref s’est orientée uniquement vers des organismes aquatiques, poissons, phytoplancton, zooplancton et bactéries dans des rivières d’Europe, en mer du Nord, en mer Baltique, mais aussi en milieu artificiel avec de l’eau de mer.
Une diminution de la taille entraînera-t-elle alors une diminution du nombre d’oeufs pondus, avec toutes les conséquences que cela pourrait avoir sur l’évolution des populations ? De la même façon, la modification de la taille des espèces aura-t-elle un impact sur la structure de la chaîne alimentaire en créant des déséquilibres dans le système ? Les conclusions de cette étude seraient-elles enfin applicables à d’autres espèces ?
Par ailleurs, les poissons du sud remontent vers le nord. Le phénomène est maintenant bien connu.
« Dans l’Atlantique, les prises d’espadons sont de plus en plus fréquentes. En Manche occidentale, on trouve depuis quelques années des poissons comme le sar, qui est plutôt du sud du Golfe de Gascogne. Au large de Dinard, on vient de pêcher deux poulpes. On n’en avait plus vu depuis le début des années 60, la population ayant totalement disparu après trois hivers très froids ‘…
En Méditerranée, les scientifiques observent également régulièrement des déplacements d’espèces. Les poissons qui vivaient traditionnellement au sud sont vus de plus en plus souvent au large de la Corse ou des côtes françaises. C’est le cas notamment pour le mérou et le barracuda adulte….
« En Guyane, les poissons semblent avoir atteint les limites de ce qu’ils peuvent supporter en termes de réchauffement. De plus en plus de scientifiques pensent que l’on pourrait assister à la disparition des espèces les moins capables de s’adapter. ‘
Les migrateurs comme les anguilles, les saumons ou les aloses sont eux aussi touchés par le changement de climat. « Les rivières du sud de l’aire de distribution pour le saumon atlantique deviennent trop chaudes. Il n’est pas impossible que l’on ne puisse plus en trouver en Galice d’ici un siècle. ‘ Les poissons d’eau douce sont logiquement eux aussi touchés…
(1) « Proceedings of the National Academy of Sciences ‘