Le Comité régional bas-normand réunit aujourd’hui une centaine de professionnels à la Cité de la Mer à Cherbourg. Objectif : préparer la réforme de la politique européenne des pêches.
Assises régionales
« En Basse-Normandie, 15 % des espèces capturées sont soumises aux réglementations européennes. Malgré cette faible part, nos pêcheurs sont tenus d’appliquer 100 % des mesures prises par Bruxelles. Injuste et pénalisant ‘, estime Daniel Lefèvre, président du Comité régional des pêches. Ce vendredi, à Cherbourg, l’organisateur des Assises régionales de la pêche entend bien faire avancer « l’idée d’une régionalisation d’une partie des décisions européennes ‘.
Ouverture
Chaque région maritime a reçu mission de consulter « tous ceux qui, de près ou de loin, ont à s’intéresser au monde maritime. Nos invitations concernent les acteurs de la filière, mais aussi les associations de protection de l’environnement, comme Greenpeace ‘, explique Daniel Lefèvre. « Nous avons choisi trois thèmes : la gouvernance (qui décide de quoi, qui met en musique et comment). Les relations avec les politiques environnementales, la place de l’aquaculture et les marchés. ‘
Amertume
Les organisations professionnelles ont posé un préalable à leur participation. « Que l’on tienne réellement compte de nos propositions ‘, insiste le Cherbourgeois. « Lors du Grenelle de la mer, le discours final avait été écrit avant même que nous ayons terminé les consultations. Nous en conservons tous une certaine amertume. ‘
Quotas
Au coeur des débats, la gestion de la ressource. L’Europe souhaite instituer un quota individuel et transférable. « Ce projet est dangereux ‘, alerte Daniel Lefèvre. « Une telle mesure risque de pénaliser les jeunes qui voudront d’installer. Ils devront acheter un bateau et des quotas. Nous réclamons le maintien des quotas nationaux. ‘ Il espère aussi une meilleure réactivité européenne. « Actuellement, nous n’avons pas le droit de capturer du cabillaud. Pourtant depuis trois ans, on le trouve en abondance. Le temps que Bruxelles corrige, la ressource arrivera en fin de cycle croissant. ‘
Marchés
Le tonnage français ne couvre plus que 25 % de la demande intérieure. « C’est la conséquence des réductions de flottilles et de la diminution des quotas imposées par Bruxelles. ‘ Conséquence, avec 75 % d’importations, « la pêche française est confrontée à une concurrence brutale ‘. L’écosse, par exemple, exporte du homard à 8 € le kilo alors qu’un Bas-Normand couvre à peine ses frais à 16 €. La coquille Saint-Jacques normande subit de plein fouet cette concurrence. « Notre salut ? La qualité avec nos labels rouges et nos éco-labels. ‘
Social
C’est le volet manquant de l’Europe. « L’Europe a mis en avant le libéralisme et oublié les hommes ‘, se désole Daniel Lefèvre. « Nous réclamons une Constitution qui impose un minimum social à tous les états membres. Certains bateaux, comme les écossais, emploient des Philippins ou des Ghanéens et les paient au lance-pierres. Ce n’est pas acceptable sur le plan humain et commercial. ‘
Jean-Pierre BUISSON.