Pas besoin d’aller sous les tropiques pour voir des coraux. Dans le Golfe de Gascogne, des coraux se développent dans des eaux froides et profondes, des milieux fragiles, menacés par les pêcheries et le réchauffement climatique, que des chercheurs de l’Ifremer viennent d’observer.
Les coraux des eaux froides, d’une température comprise entre 2 et 14°C, ont une croissance très lente, et sont « menacés à court terme par l’impact des engins de pêche ou l’exploitation des ressources fossiles » et à moyen terme par le réchauffement climatique, a résumé jeudi devant la presse Jean-François Bourillet, chef de la mission BobGeo.
Ifremer –
Pas besoin d’aller sous les tropiques pour voir des coraux. Dans le Golfe de Gascogne, des coraux se développent dans des eaux froides et profondes, des milieux fragiles, menacés par les pêcheries et le réchauffement climatique, que des chercheurs de l’Ifremer viennent d’observer.
La campagne BobGeo, qui s’est déroulée du 13 au 28 octobre à bord du navire océanographique « Pourquoi pas? » de l’Institut français d’exploitation de la mer (Ifremer), avait pour mission de caractériser la géologie des fonds sous-marins où vivent ces coraux profonds.
Les coraux des eaux froides, d’une température comprise entre 2 et 14°C, ont une croissance très lente, et sont « menacés à court terme par l’impact des engins de pêche ou l’exploitation des ressources fossiles » et à moyen terme par le réchauffement climatique, a résumé jeudi devant la presse Jean-François Bourillet, chef de la mission BobGeo.
Autrefois les coraux étaient jugés « nuisibles aux chalutiers », maintenant ce sont des espèces patrimoniales protégées, souligne un responsable du projet européen CoralFISH, qui vise à mieux connaître les habitats des coraux d’eaux froides d’Europe et les poissons associés et à estimer l’impact des pêcheries sur ces écosystèmes.
« Aujourd’hui, il n’est plus possible de gérer la pêche indépendamment, il faut mettre en place une approche intégrée », selon Anthony Grehan, coordinateur du projet CoralFISH de l’université de Galway (Irlande). Il faut, dit-il, « sensibiliser les pêcheurs aux nouvelles connaissances scientifiques ».
Six zones d’Europe -Norvège, Islande, Irlande, Golfe de Gascogne, Açores- Méditerrannée- vont être explorées dans le cadre de CoralFISH.
« Nous sommes conscients, ajoute M. Grehan, que ce sont nos enfants qui hériteront du monde que nous laissons derrière nous ».
Le réchauffement climatique risque d’entrainer un changement de l’acidité des océans et de « réduire la tranche d’eau dans laquelle les coraux seront dans des conditions favorables », rappelle M. Bourillet.
Selon un des scénarios des experts qui travaillent sous l’égide de l’ONU sur le climat (Giec) 70% des coraux d’eau froide risquent, dès la fin du siècle, de se retrouver dans des eaux ne contenant plus assez de carbonates indispensables.
Les coraux calcifiés – à distinguer des coraux mous- sont « particulièrement sensibles à l’acidification des océans », car ils ont besoin du carbonate de calcium pour fabriquer leur squelette, précise Brigitte Guillaumont, biologiste à l’Ifremer.
Certains de ces coraux durs bâtissent des récifs, d’autres vivent solidaires.
Durant la campagne BoGeo, différentes espèces de coraux vivants (Lophelia pertusa, Madrepora oculata), servant pour certains d’abris aux poissons, ont pu être photographiés et filmés dans des canyons sous-marins à environ 200 km au large des côtes sud de la Bretagne.
Les récifs se situent entre 600 et 1.100 m de profondeur, alors « qu’entre 200 et 500/600 mètres, on trouve essentiellement des débris » de coraux, selon Mme Guillaumont, qui fait état « d’impacts d’engins de pêche ».
Des champs de coraux bambous ont été trouvés en zone sédimentaire.
La campagne BoBEco, prévue en 2011 après une première approche grâce à BobGeo, doit permettre d’analyser la composition génétique de peuplements de coraux -du Golfe de Gascogne, de Norvège, d’Irlande- et aussi d’évaluer l’impact que des perturbations auraient sur la biodiversité.