« Que les principes mis en oeuvre par la Prud’homie à propos de la régulation de l’effort de pêche soient spécifiques et sur des points essentiels incompatibles avec les principes qui sous-tendent la politique (productiviste) des pêches ne signifie pas pour autant l’inexistence d’un mode de régulation prud’homal de l’effort de pêche… »
Ecrit il y a plus de 20 ans, cet article montre comment les Prud’homies de pêche méditerranéennes organisent, sur la base de principes communautaires, les règles de la compétition entre les pêcheurs, à propos d’une ressource et de zones de pêche communes. Une porte ouverte quand le productivisme s’affiche comme seul modèle…
Et de conclure :
– « D’un point de vue sociologique, le mode de discipline imposé à la population maritime ne peut être transformé radicalement sous peine d’inefficacité.
– D’un point de vue politique, l’aspect sélectif des mesures réglementaires et des aides publiques s’est avéré discriminatoire sans que cette discrimination entre métiers soit clairement définie.
– D’un point de vue économique, il convient d’étudier la rationalité et les conditions de rentabilité des différents modes d’exploitation. Si les grandes unités de production présentent les avantages d’une moindre dépendance du littoral et de l’importance des tonnages débarqués, les difficultés croissante qu’elles rencontrent à propos de leur rentabilité militeraient en faveur de la pêche artisanale et de ses facultés d’adaptation aux aléas du marché et de la ressource.avec une production non négligeable d’espèces bien valorisées, elle fait preuve d’une évolution rapide, et si l’idée contraire est couramment répandue, c’est plus par manque d’informations sur un milieu peu transparent et masqué par les reconversions fréquentes et largement subventionnées des grosses unités de production que par l’observation assidue de ce secteur… »
20 ans plus tard, les puissances et tonnages des « grands métiers » se sont démultipliés, la petite pêche s’est encore réduite. Va t-on une nouvelle fois donner la main aux grands armements par la « privatisation de la ressource (vivante et commune) » afin de partir à la conquête du marché européen et mondial ? Ou va t-on amorcer une politique d’intégration des pêches dans les économies régionales, sur la base d’expériences de terrain et avec les acteurs locaux ? De par les retombées économiques, sociales et environnementales de ces 2 dynamiques, c’est un choix collectif…
Cf. article publié in Economie Méridionale n° 133-134 1er-2ème trim. 1986 pp. 41-50, suite à un rapport du CERS (Université Aix-Marseille II) pour l’IFREMER.