Si les pêcheurs bretons ont réalisé les « limites » environnementales de leur vaste champ de pêche et entrepris une gestion « territoriale » de leur activité, cela ne semble pas le cas d’autres acteurs intervenant sur ce territoire :
– Un article sur le plancton dans L’encre de mer N° 22-23 exposait les dangers des extractions de granulats. Le projet de la Baie de Quiberon a heureusement été stoppé par la Préfecture.
– Aujourd’hui, c’est pas moins de 170 000 m3 de vases et boues issues des dragages des ports (majoritairement des ports de plaisance) que le Conseil Général envisage de rejeter sur des zones de 4 km² de côté, à 7-8 milles du port du Guilvinec, « en plein dans des zones de langoustines et de merlu des chalutiers côtiers et fileyeurs », et incidemment en pleine zone « Natura 2000 » dont l’opérateur est le Comité Local des pêches du Guilvinec… Les pêcheurs souhaitent que les vases, une fois nettoyées à terre, soient « clapées au large, au-delà des zones côtières et des zones de langoustines, a minima sur les plus proches fonds de 130-140 mètres ». Une solution plus onéreuse mais quel est le coà’t engendré par les perturbations des écosystèmes marins ? Les spécialistes du plancton(cf. notamment « L’enjeu plancton » de Maêlle Thomas-Bourgneuf et Pierre Mollo aux Editions Charles Léopold Mayer) vous expliqueront qu’il ne s’agit pas seulement de rajouter de la vase à un fond déjà vaseux mais que les fins sédiments provenant de nos ports « colmatent » les frayères et font office de « béton » sur le fond. Ils remarquent que « le clapage en mer des vases portuaires de l’ïle de Groix a aussi entrainé une prolifération de Dinophysis ». (Le jeu infini des vagues et des marées devait aussi compenser les apports excessifs de l’agriculture et de l’élevage mais il n’a pas empêché l’instauration de champs sous-marins d’algues vertes et ce, pour quelques décennies….)
– Trois jours auparavant, c’était la Direction des Pêches qui souhaitait faire entrer des « grands bateaux » dans la pêcherie de langoustine du Golfe de Gascogne, contre la volonté de l’ensemble des pêcheurs bretons de langoustines, et… contre toute logique environnementale en matière de politique des pêches ! La politique française des pêches serait-elle toujours « productiviste » malgré les nombreux discours affichés ici ou là ? (C’est aussi ce qu’attendent de voir les Prud’homies méditerranéennes qui, écartées de la représentation professionnelle au moment de l’industrialisation forcée en Méditerranée, ont demandé à être intégrées à nouveau dans le dispositif.…)