« Deux auto-stoppeurs que nous prenons sur la côte du Sahara occidental au nord de Tarfaya : ce sont deux pêcheurs qui vont relever leur filet. Nous les accompagnons jusqu’au bord de la falaise et assistons à un dangereux numéro d’équilibriste. Le plus jeune descend à mains nues le long de la roche pour défaire le point d’amarrage de la corde qui tient le filet. Celui-ci est calé de manière à « barrer ‘ la petite baie qui se découpe entre les caps.
Son ami, situé de l’autre côté, tire à lui seul la corde et remonte un filet chargé de poissons. Nous descendons les rejoindre sur un replat pour découvrir le fruit de la pêche. Comme ils parlent français, nous en profitons pour discuter. Leurs pères ont pêché au même endroit, les femmes et les enfants sont « au Sahara » et eux sont là pour gagner leur vie. Le plus âgé à qui l’on pourrait donner plus de cinquante ans n’a que 38 ans, ça fait un choc ! Ils nous offrent deux petits poissons pour le déjeuner et nous aident à équiper l’une de nos deux cannes à pêche tout en nous donnant quelques conseils. Nous raccompagnons le premier des pêcheurs à leur petite maison située au bord de la falaise, et le second à la station service afin qu’il y dépose la récolte du matin.
Nous sommes invités à repasser au prochain voyage et, si possible, rester quelques jours pour rendre visite à la famille au Sahara. Ce sera avec plaisir et nous notons sur la carte le repère précis pour pouvoir retrouver l’endroit. Toutes nos amicales salutations si ce journal arrive jusqu’à ces pêcheurs ».
L’impact du productivisme
dans les pays du sud
Ici et ailleurs, le productivisme ne connaît pas de frontières et fait fi de la vie des communautés artisanales de pêcheurs. En Mauritanie, au Sénégal, et en d’autres pays du sud, les difficultés des communautés de pêcheurs artisans s’exacerbent avec les captures massives des armements industriels d’origine asiatique ou européenne qui opèrent sous couvert d’accords de pêche, ou par le biais de « sociétés mixtes ‘.