A mémoire d’homme, la gestion des pêches méditerranéennes fonctionnait selon une «logique de répartition’. Petit retour en arrière pour mieux comprendre notre développement actuel.
Jusqu’en 1960, zones et ressources marines de cette façade sont dédiées aux Prud’homies pour permettre aux communautés de pêcheurs de vivre de leur activité. Celle-ci est surtout de dimension locale : les communautés de pêcheurs artisans exploitent, à proximité, les concentrations littorales des différentes espèces qu’elles valorisent par des circuits courts sur des marchés locaux, parfois avec le soutien financier de mareyeurs.
Cette logique de répartition organise les bases de la compétitivité en interdisant ou contraignant les techniques à grande capacité de capture, et en alignant l’ensemble des métiers sur ceux à faible capacité de capture, de manière à ce que chacun puisse vivre de son activité.
Cette dynamique collective de répartition technique, spatiale et temporelle des droits d’usage conduit à une homogénéité des outils de production et incite à la polyvalence des pêcheurs qui s’investissent dans diverses techniques et savoir-faire associés.
La gouvernance reste prud’homale , l’Etat jouant un rôle de tutelle par l’intermédiaire des administrateurs locaux. Les règlements sont décidés en assemblée générale, ou par le conseil des prud’hommes, en vertu de
principes communautaires fondés sur le respect de la personne et des générations futures (protection de la ressource et des territoires) : « Tout le monde doit pouvoir vivre de son métier (ou le soleil se lève pour tout le monde). Il faut éviter qu’un métier n’en chasse un autre. Un métier, il vaut mieux le réglementer que l’interdire par rapport à ceux qui en vivent. Il faut laisser reposer les espèces, ou les « pierres ‘ alternativement. La mer, il ne s’agit pas de la vider mais d’en bien vivre et d’en laisser à ses enfants ‘
C’est un mode d’administration territorialisé, simple, efficace, démocratique qui a permis à des communautés importantes de pêcheurs de vivre de la pêche littorale, et à plusieurs vagues d’immigration de s’intégrer dans la profession, tout en préservant les territoires et la ressource ; soit un développement « durable ‘ selon le terme consacré.