Une colonisation pas si évidente
A moins que l’espèce lessepsienne([Appelées ainsi en référence à Ferdinand de Lesseps)], initiateur du canal de Suez ne transite dans les eaux de ballast de navires ou ne se fixe sur la coque des navires, il lui faut franchir un canal étroit, fortement salé et risqué (manque de substrats rocheux pour se cacher). L’espèce « exotique ‘ doit pouvoir se reproduire avant de s’étendre progressivement en sa nouvelle mer. La reproduction dépend de la salinité et de la température de l’eau (cette dernière a augmenté en surface depuis la fin des années 90). Elle dépend également du degré de biodiversité du milieu en raison de la compétition pour l’habitat et la nourriture.
mais réelle
Le taux moyen de migration est passé de 2,3 espèces par an, entre 1928 et 1997, à 6,4 espèces par an, après 1998 (+173%). Depuis la construction du Canal de Suez en 1869, plus de 500 espèces (dont les poissons) se sont introduites en Méditerranée orientale.
Un impact préoccupant pour l’environnement et la pêche
Par la présence de fleuves et leur apport en sédiment et matière organique, les eaux qui baignent nos côtes sont plus riches et la biodiversité plus grande que dans le cas de la Méditerranée orientale. De ce fait, le peuplement par de nouvelles recrues peut prendre plus de temps mais il n’en modifiera par moins les écosystèmes, réduisant la part des espèces natives et renforçant l’uniformisation des milieux. Les espèces invasives représentent actuellement 43% des ressources halieutiques en Turquie.
3 volets pour préserver nos milieux :
– Prendre en compte les risques d’accélération de l’envahissement : agrandissement ou approfondissement du canal de Suez([A son ouverture en 1869, le canal avait une profondeur de 8m et une largeur variant entre 65 et 98m. Aujourd’hui, sa profondeur est de 25m et sa largeur de 400m. A chaque augmentation de volume, les fluctuations de température à l’intérieur du canal se réduisent tandis que l’augmentation de la profondeur facilite le passage d’espèces infralittorales.)], déversement des eaux de ballaste des navires
– Développer un réseau d’observation avec les pêcheurs et usagers maritimes et un suivi international par les organismes scientifiques de recherche.
– Préserver la biodiversité actuelle est encore le meilleur moyen de limiter ces invasions : par la mise en place d’aires marines protégées avec la coopération des pêcheurs, par la réduction des effets polluants et des atteintes aux zones de frayères littorales, par le suivi de la diversité planctonique