Quand il y a le respect du poids du filet, du poids des panneaux et de la force motrice, tu peux démontrer à n’importe qui que le gangui n’abîme pas le fond… Roger Saragossa
Surprenante cette poignée d’hommes et de prud’hommes qui sagement » inexorablement pourrait-on dire » affirme son sens du métier, son expérience de gestion collective. Une manière de vivre, héritée d’anciens confrères, prolongée, modelée, affinée en toutes circonstances.
Roger est de ceux-là . Alerte malgré les années, il n’a jamais capitulé. Au fond de la rade d’Hyères, un drôle de village, son village ; coupé du monde par les Salins, il fait corps avec les herbiers. Longtemps, ces quelques maisons rassemblées autour du Port Pothuau ont vécu au rythme de la pêche, des marais salants et de la Marine. Les Salins rachetés par le Conservatoire du Littoral et les maisons par de « riches ‘ vacanciers, le village cherche un nouveau souffle.
Roger n’en manque pas. Les herbiers, il les connaît pour les avoir travaillés tout au long des années. L’histoire du gangui, il en sait tous les détails : les moindres changements techniques, les débordements de la fin des années quatre-vingts, les tempéraments des hommes » pêcheurs, administrateurs, politiques » qui gravitent autour, l’effort de la profession pour défendre le métier » le vrai » auprès des instances européennes, la pression de l’argent tout autour – spéculation immobilière, industrie touristique – qui menace village et herbier.
Un combat aux allures de titan pour préserver cette symbiose. Aux masses d’argent, d’hommes, de voix, à la démesure des intérêts, à la multiplication des échelons et des instances, l’on oppose ici la durée, celle de quelques hommes qui ne plient pas.
C’est un pêcheur des Salins, François Gourdon, qui en 1920 inventa le gangui à panneaux. La traction se faisait alors à la voile.
Roger Saragossa, ancien prud’homme des Salins d’Hyères