Cibler les capacités de pêche et les droits d’usage, s’adapter en continue au territoire
« La réglementation prud’homale a toujours ciblé les capacités de pêche et les droits d’usage. Il faut une réglementation qui n’entraîne pas de rejets inutiles et qui s’adapte, dans le temps, aux conditions de pêche sur le territoire. L’an dernier, nous n’avons pas pu prendre de merlus. C’est une pêche qui se pratique au large, il y a eu beaucoup de mauvais temps, les poissons ne se regroupaient pas, il y avait trop de courant pour pêcher On doit pouvoir s’adapter à notre environnement immédiat. Ce n’est pas gérable de Bruxelles »
Des règles applicables et justes
« C’est comme la taille minimale de la dorade rose qui est passée du jour au lendemain de 18 à 33 cm ! C’est une espèce sans quotas, ciblée seulement au palangre. 33 cm, cela correspond à des poissons de 500 à 600 g qui sont difficiles à vendre à la clientèle. Le plus demandé, c’est des poissons de 200 à 300 g, soit 25 cm environ. Ca se joue à très peu. Une taille de 25 cm serait raisonnable d’autant plus que ce poisson est pêché à 300 m de fond et qu’il est mort quand il remonte à bord. Encore une fois, on doit rejeter du poisson mort. Ce qui est incompréhensible, c’est qu’il est surtout ciblé en Atlantique (en grande quantité par les pélagiques) et que, là -bas, la taille minimale est de 25 cm ! Nos mareyeurs font venir d’Atlantique des poissons de plus petite taille »
Des règles cohérentes et réalistes pour la pêche artisanale
« Aujourd’hui, Bruxelles envisage un encadrement avec permis de pêche spécial pour l’espadon. Pour nous, c’est une espèce qui n’est pas en danger, elle revient chaque année, elle n’est ciblée que de temps en temps au palangre. L’Europe a fixé un arrêt de 2 mois, en octobre-novembre, pour cette espèce. C’est le meilleur moment pour la prendre, le moment où elle s’approche des côtes. C’est un peu comme si on interdisait la cueillette des champignons en automne. Quand on veut plus de pêcheurs, on ne s’y prend pas autrement ».
Entretien avec Jean-Michel Céi, premier prud’homme de Sanary sur mer
Voir aussi :
– Thon rouge : la voix des pêcheurs artisans
– De la thonaille à la canne : bilan négatif pour les artisans et l’environnement