Sauver l’anguille européenne : une priorité mais pas sans les pêcheurs professionnels !

Sur avis du Groupe d’examen scientifique CITES de l’Union Européenne, le Comité CITES vient de fixer un quota nul d’exportation hors de l’Union européenne pour les civelles (alevins de l’anguille européenne). Cette décision touche principalement la France, qui constitue le principal pays producteur. Le WWF-France et le CONAPPED [1] considèrent que cet arbitrage est un coup d’épée dans l’eau.

Outre le fait qu’il ne sera d’aucune efficacité pour enrayer le déclin de l’espèce, considérée en danger critique d’extinction, il met gravement en danger toute une profession qui joue un rôle essentiel de veille écologique sur des milieux aquatiques fragilisés. Les pêcheurs professionnels ne doivent pas devenir les boucs émissaires de ce déclin constaté depuis les années 1960.

En effet, bien au-delà  de la pêche, les causes du déclin de l’anguille sont multiples : disparition des zones humides, fragmentation des habitats par l’édification d’obstacles aux migrations du poisson, contamination et pollution des milieux, turbinage, maladies, parasitisme ou encore introduction d’espèces envahissantes. Toutes ces perturbations ont conduit à  une importante dégradation de la qualité des habitats essentiels de l’espèce, mais également à  une réduction de 50 % des zones historiquement colonisées par l’anguille depuis le début du 20ème siècle. Cette décision européenne qui ne tient pas compte des efforts consentis par la profession depuis de nombreuses années, d’autant que les dernières mesures d’encadrement et de réduction [2] de la pression de pêche appliquées depuis le 1er janvier 2009 sont particulièrement drastiques. En intervenant directement sur l’équilibre économique des quelque 800 entreprises concernées, sans leur laisser le temps de s’adapter, le programme européen de repeuplement visant à  enrayer le déclin de l’espèce risque de ne jamais voir le jour. Les pêcheries disparaîtront les unes après les autres, compromettant ainsi l’approvisionnement des programmes des autres Etats membres désireux de reconstituer le stock d’anguilles. Afin de permettre à  la filière de s’adapter, en accord avec les obligations communautaires et nationales et les principes du développement durable, le WWF-France et le CONAPPED demandent :
- l’attribution à  la France d’un quota d’exportation hors Europe tant qu’un programme de repeuplement européen compatible avec la viabilité de la filière ne sera pas mis en oeuvre ;
- la mise en oeuvre de plans d’accompagnement et de sortie d’activité d’une partie de la pêcherie ;
- la mise en oeuvre d’un dispositif de traçabilité des civelles de repeuplement en Europe, à  l’image du système développé en France depuis 2009 ;
- un contrôle et une évaluation de l’efficacité des mesures mises en oeuvre dans les plans nationaux de gestion.

Contacts presse CONAPPED : M. Philippe BOISNEAU (Président) : 06 11 29 11 64 Mme Sylvie SICOT (Communication) : 02 40 04 64 08

Contacts presse : Camille Lajus  » Responsable presse : 01 55 25 84 61  » 06 15 39 24 95 / clajus@wwf.fr Pauline Dame  » Attachée de presse : 01 55 25 84 70  » pdame@wwf.fr

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Notes

[1] Comité National de la Pêche Professionnelle en Eau Douce

[2] Cette réglementation est mise en oeuvre depuis le 1er janvier 2009 dans le cadre du plan français de gestion de l’anguille, conformément au Règlement (CE) n° 1100/2007

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