Hier après-midi, le GIP Calanques avait invité les représentants de pêcheurs corses pour témoigner de la réussite de la réserve de Scandola, devant des prud’hommes pêcheurs des Bouches du Rhône et du Var.
Toute l’assemblée était d’accord sur l’intérêt général de cette réserve mais les prud’hommes ont rapidement montré qu’elle ne pouvait être comparée au projet du parc des Calanques. Seulement 85 ha d’eau marine sont strictement interdits à la pêche professionnelle. Ils sont situés dans une zone exposée aux vents et éloignée des ports, donc rarement exploitée. Le statut du parc corse est « régional » et les pêcheurs sont partie prenante dans les prises de décision et la gestion.
Les prud’hommes de La Ciotat ont affirmé leur volonté de voir la création du Parc des Calanques. C’est un outil pour gérer un espace maritime de plus en plus convoité. Mais en l’état actuel du projet, l’ensemble des pêcheurs artisans des Prud’homies de Marseille, Cassis et La Ciotat ne se voient accorder qu’une voix au conseil d’administration, au même titre que les activités de loisirs. Echaudés par une Politique Commune des Pêches qui oscille entre productivisme et lobbies environnementalistes, sans considération des réalités de terrain, ils ne veulent pas se voir confisquer la gestion de leurs zone de travail. Par ailleurs, ils ne sont pas d’accord sur la délimitation actuelle des zones qui seraient interdites à la pêche et qui représenteraient plus de 4000 ha ! Enfin, ils trouvent surprenant qu’à l’intérieur d’un parc national, l’on puisse maintenir le rejet des boues rouges de Péchiney, l’émissaire de Cortiou et le rejet par l’armée de batteries au lithium…
Concernant le statut des Prud’homies méditerranéennes et leur implication dans les parc marins, l’on notera que :
les Prud’homies sont déjà des gestions « territoriales » et les règlements prud’homaux doivent être les seuls référents pour la réglementation de la pêche professionnelle dans l’enceinte du parc,
elles représentent l’un des rares modèles de gestion des pêches et des territoires, existants dans le monde
si ces zones littorales sont relativement riches, comparativement à d’autres côtes, c’est qu’elles ont été gérées de longue date par les Prud’homies,
les Prud’homies se sont impliquées, et ont joué un rôle moteur, dans la mise en place de plusieurs aires marines protégées [1],
la mise en réserve de zones, interdites à la pêche professionnelle, dépend de l’étendue des zones de pêche et des pêcheurs qui en vivent. Elle doit pouvoir tenir compte du changement des zones de concentration saisonnière des différentes espèces, ainsi que de l’impact du changement climatique,
les prud’hommes jouent un rôle actif dans la gestion des zones marines, tant pour leur activité, que pour la protection de leurs territoires et la conciliation des usages, et leur intégration au processus est un préalable incontournable.
L’on remarquera que les expériences qui marchent se sont faites dans le temps, sur la base de constantes négociations et d’un partenariat effectif. Même si cela n’est pas compatible avec un « affichage » politique pour raison d’élection présidentielle (ou autres). même si cela remet en cause des « pourcentages » arbitrairement définis, sans considération de la nature des fonds et de l’étendue du plateau continental.
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