Tant qu’il s’agissait de choisir entre l’épicier du coin et la grande surface – après tout, il était plus aisé de faire ses courses en une fois. Mais la difficulté croissante des jeunes à se loger dans leur région d’origine quand celle-ci est devenue touristique ou résidentielle, les changements climatiques et leur cohorte de tempêtes-incendies-inondations qui affectent notre quotidien et focalise notre attention sur la fragilité de nos écosystèmes, les risques alimentaires et environnementaux croissants liés notamment à l’industrialisation, et le lien de plus en plus exprimé avec les affections de santé… tout ceci contribue à nous interpeller sur nos conditions de vie sur nos territoires.
Lors de la Journée mondiale des pêcheurs artisans qui s’est déroulée à l’àŽle d’Yeu pour cette année 2010, avec la co-participation du Collectif Pêche et Développement et du Comité local des pêches de l’àŽle d’Yeu, Yves Lebahy a présenté un texte visant à « Refonder la relation homme/milieu « . Son analyse porte sur les territoires, ou plus exactement « nos territoires de vie » fortement malmenés, à tous points de vue, par la mondialisation.
Question de langage et de raisonnement, le géographe qu’il est se focalise sur la notion de territoire quand certains économistes raisonnent sur les formes d’échange à promouvoir et leurs relations aux territoires. Ces dernières décennies, la domination d’une économie productiviste, fondée justement sur la négation des territoires (physiques, sociaux, économiques), a engendré une destructuration croissante de nos réseaux sociaux, de nos écosystèmes, de nos flux économiques.
Si le constat est visible par tous, seule l’analyse permet de voir que d’autres formes d’échanges, plus discrètes, sont à l’oeuvre et conduisent à l’intégration des secteurs productifs à une nouvelle logique de territoires. C’est ainsi, par exemple, que la pêche artisanale varoise tente, par diverses voies, de s’intégrer au développement touristique et résidentiel de son littoral. Prendre conscience de ce virage-là , c’est comprendre que toute décision politique porte en elle-même un projet de territoire et qu’elle requiert notre mobilisation citoyenne pour reconstruire nos cadres de vie, c’est comprendre également que nous pouvons soutenir, par notre consommation, les producteurs artisans locaux. C’est un mouvement qui pourrait paraître anecdotique mais qui, porté notamment par Slow Food International, tend à prendre de l’ampleur dans différentes régions du monde…
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