Diffusion : L’un de auteurs du rapport, Yann Giron, nous informe de la parution d’un article concernant l’implication des fondations américaines dans la réforme de la pêche européenne dans la revue Politis, parue aujourd’hui. Cet article, rédigé par un journaliste environnement de la revue, M. Patrick Piro, est payant. C’est le deuxième article paru dans un quotidien national à diffusion électronique et papier, après l’article paru dans Alternatives économiques. Il y a eu également parution d’articles dans les pages nationales des quotidiens régionaux Ouest France et Sud Ouest.
Vous trouverez l’intégralité du suivi presse de cette thématique sur Aquablog (voir revue de presse à la fin de l’article).
Commentaires de Yann Giron : « Nos travaux continuent, avec une attention portée sur le rôle des fondations américaines conservationnistes et des ONG environnementales (ONG E), dans l’éviction massive des populations locales dites indigènes, de leurs zones traditionnelles. Les raisons invoquées sont celle de la stricte conservation « naturelle ». Cela concerne le domaine maritime (greenblue grabbing) comme le domaine terrestre, les informations proviennent de nombreux articles de recherche, notamment en sciences sociales.
Dans les outils utilisés pour réaliser cet accaparement des mers, la privatisation des droits de pêche est parfois utilisée, mais ce n’est pas nécessairement une fin en soit. Les principaux outils sont : la mise en place d’une gestion spatialisée, appuyée sur des réseaux d’aires marines protégées très stricts par rapport aux activités de pêche, et la fixation de règles environnementales et de conditionnalité définies par les ONG E. Il s’agit en fait d’une tolérance zéro sur la question de l’impact humain, dans le pur esprit du conservationnisme écologique strict.
Il y a lieu de s’interroger sur la poussée, en France, de cette vision extrême de l’environnement qui occulte, avec une intensité jamais connue, les positions plus classiques d’une écologie politique où l’homme fait partie intégrante de l’écosystème et où un certain niveau d’impact de l’homme sur son environnement est socialement toléré. A cet égard, je vous encourage à considérer les récents développements en France, notamment du WWF et de Greenpeace, qui consisteraient à faire croire que l’on peut mettre en œuvre une politique environnementale de la pêche sans coà’t social (cf. article)
Il est stupéfiant de constater que l’on retrouve les mêmes phénomènes en Europe, aux USA, et ailleurs dans le monde, sur le milieu marin et sur la pêche en particulier. Ce secteur fait-il tellement peur aux autres usagers que l’on préfère les évincer des espaces maritimes plutôt que de négocier le partage de l’espace marin ?
Au-delà des motivations de ces fondations (environnementalisme sincère, green washing, mise sous contrôle d’espaces et de ressources marines, ou promotion d’intérêts économiques consommateurs de ces mêmes espaces et ressources), que nous continuons à rechercher, on peut s’interroger sur la mécanique sous-jacente.
Le principal vecteur de cet accaparement des mers (comme pour l’accaparement des terres en Afrique) est le fait que l’espace marin (ou la terre en Afrique) est en propriété publique. Et que les décisions d’utilisation de ces espaces sont soumises à une décision politique, d’élus potentiellement soumis à la pression de la société civile et de la presse, ou exposés à des actions de lobbying de groupes de pressions économiques ou idéologiques. Et qu’il suffit d’influer ces groupes décisionnaires restreints pour obtenir une décision, sans que les mécanismes de gouvernance publique existent réellement, sans que la perception des enjeux complexes de ces espaces soit finement acquise par les sociétés civiles. Il suffit alors de « guider » les opinions publiques, chose que nous avons amplement démontré dans le rapport Blue Charity Business.
Attention, il ne s’agit en aucune manière d’une théorie du complot sur les objectifs de ces actions. Il s’agit simplement d’un état de fait hérité d’un système économique et politique, et d’une approche technocratique liée au développement de la ‘philantocracy’ décrite par les auteurs américains tels que Mark Dowie. »