« Il y avait du monde au Petit Galli pour cette soirée spéciale concoctée par l’Encre de mer avec la projection d’un documentaire primé au Festival International de film « Pêcheurs du monde » de Lorient en présence d’Alain le Sann.
En quelques mots, l’Encre de mer c’est une association, une revue, muée par le désir de mieux faire connaître le savoir faire des pêcheurs, la gestion durable de leur espace de pêche: « On est dans une démarche de valorisation des atouts de la petite pêche méditerranéenne et de son modèle prud’homal », expliquait Elisabeth Tempier.
Les actions de l’association tournent autour de trois thématiques: réflexion sur la pêche, slowfood et le plancton. Cela se traduit par des conférences, des interventions, des ateliers, des articles, des voyages avec différents partenaires (association ‘Plancton et innovation’, collectif ‘Pêche et développement’…). Voilà toute une philosophie pour mieux faire connaître au public ces petits métiers et faire en sorte qu’ils ne disparaissent pas dans l’indifférence ou dans le silence. On y retrouve notamment Elisabeth Tempier, Christian Connaulte, Sophie Marty.
Pêcheurs du monde à Sanary
Depuis quelques années les Sanaryens peuvent découvrir des films sélectionnés au festival « Pêcheurs du monde » de Lorient avec Alain Le Sann du collectif « Pêche et développement‘. Elisabeth Tempier remercia d’ailleurs tous les soutiens et partenaires dont la municipalité, le conseil régional et l’Europe.
Le collectif s’intéresse au rapport initié par Yan Giron , intitulé « Blue charity business, réforme de la politique européenne commune des pêches, premier panorama 2000-2011 ». Un colossal travail qui pointe du doigt les dangers de la privatisation des espaces maritimes sous couvert de protection de l’environnement, et qui dénonce ce qui se cache derrière le financement de certaines ONG. On y découvre par exemple que des fondations américaines ont investi des centaines de millions de dollars dans les réformes des politiques de pêche, ou le lien des USA avec la réforme de la politique européenne des pêches*. L’objet de ce rapport étant aussi de rappeler aux autorités que « les ressources halieutiques sont un bien public de l’humanité, et un bien commun, qui doit être prioritairement géré par les communautés de pêcheurs qui en vivent ». Alain le Sann expliquait que derrière les postures environnementalistes de protection des espaces maritimes, il y avait aussi une intention de la part des industriels du gaz et du pétrole de conquérir de nouveaux espaces. Il fit un parallèle avec la réserve intégrale de la Cassidaigne à Cassis qui ne repose sur aucune base scientifique, avançant qu’aujourd’hui « la pêche vivait un processus sournois de dépossession de l’espace maritime ».
Du public au Petit Galli mardi soir
Pour commencer, les Sanaryens ont pu apprécier un court documentaire d’Isabelle Sers sur « La plus grande bouillabaisse du monde » tourné le 23 juin dernier à Sanary. Du petit matin à la mise en feu du chaudron géant le soir, un instantané sur cet évènement spectaculaire. Présent dans la salle, le maire Ferdinand Bernhard a rappelé l’historique de cette manifestation initiée voilà plusieurs décennies et qui régale tous les deux ans plus de 1.000 convives Il expliqua aussi l’attention portée aux pêcheurs sur la commune, avançant qu’à « une certaine époque, l’Europe donnait de l’argent pour qu’ils brà’lent leurs bateaux. Nous on a préféré les subventionner ».
Puis, le public a pu découvrir un documentaire saisissant sur la « Mort d’un peuple » de Frédéric Tonolli portant sur la communauté de pêcheurs tchouktches dans le détroit du Béring. Un petit village où cohabitent des russes venus du temps de l’URSS et cette communauté qui ne vivait que de la chasse à la baleine et aux mammifères marins. Le réalisateur les a filmés durant plusieurs années, montrant progressivement « la mort d’un peuple ». On ne ressort pas indifférent devant ces visages, ce peuple qui pratiquait lui « un communisme primitif » avant l’heure, où « partage » et « solidarité » étaient leurs maîtres mots. Les années soviétiques du stalinisme au libéralisme d’aujourd’hui ont ensuite scellé leur triste destin…
D.D, le 30 janvier 2013