Le site de la plateforme de la petite pêche a mis en ligne la vidéo d’une déclaration du Ministre de la pêche au Parlement Européen. La vidéo circule entre les pêcheurs et les révolte, par la méconnaissance de leur métier et par le manque de respect à leur égard…
Il n’y a pas de « petits » pêcheurs et de « petits » bateaux mais des hommes et des outils adaptés à leur écosystème et à leur environnement. Quand il n’y a pas de plateau continental mais que la côte peuplée offre un marché local abondant, point n’est besoin d’investir dans de grandes embarcations qui seront difficiles à rentabiliser. La Méditerranée, à cet égard, est un bon exemple. A moins de pressurer le stock de thon rouge pour le vendre aux marchés asiatiques, en délocalisant quand les conditions s’y prêtent (quel intérêt pour la France ?), ou de rentrer dans une course à la puissance pour ratisser (jusqu’à épuisement et faillite) les rares plateaux et les abords des fosses, les bateaux de pêche, sous l’impulsion de la régulation prud’homale sont restés de taille modeste. Avec leurs embarcations de 6 à 12 m, ces pêcheurs artisans gèrent leurs territoires, tout comme, à l’échelle Atlantique, les patrons de chalutiers langoustiniers gèrent le Golfe de Gascogne en travaillant sur des bateaux de 14/18 m. Et c’est la seule, mais essentielle, différence qu’ils ont avec les armements industriels qui exploitent les zones et les ressources en jonglant constamment sur les opportunités, sans se soucier des territoires, des communautés de pêcheurs, de la clientèle, et de l’avenir.
Quant à rentrer dans la spécification faite par la Commission Européenne à propos d’une « petite pêche », une sorte d’image d’Epinal qui pourrait séduire les environnementalistes et qui serait préservée de la libéralisation de la pêche (rien d’autre que la privatisation des ressources marines qui ont, de tous temps été bien collectif, ressource commune, bienfait de la nature offert à l’humanité…), notre Ministre pourrait comprendre que la division a toujours été un instrument du pouvoir et qu’il est illusoire de penser que l’on pourrait créer une parenthèse au sein d’un secteur totalement libéralisé. Il n’est que de voir l’impact du marché des « PME ou permis de mise en exploitation » (créé de facto par la restriction administrative des tonnages des bateaux et puissance de moteurs) sur l’ensemble de la flottille.
Reste à notre Ministre à venir rencontrer ces pêcheurs afin de découvrir leur profession et les conditions dans lesquelles ils se trouvent, afin d’élaborer ensemble les solutions qui leur assureront un avenir et notre nourriture.