Article dans « La lettre d’information de l’Institut Paul Ricard » (téléchargeable en bas de la page d’accueil)
Bionique, biomimétisme, bio-inspiration… les termes changent mais l’idée demeure de s’inspirer de la nature pour concevoir, fabriquer, construire. Les exemples ne manquent pas : de la graine de bardane pour le scratch des chaussures, de la peau de requin pour les coques de navires et la peinture anti-fouling…
Au-delà des propriétés physiques ou chimiques observées dans le monde vivant, cette démarche s’étend également aux systèmes de fonctionnement : celui du tube digestif inspire le traitement biologique des eaux usées. « En agriculture et en aquaculture, des théories et des pratiques nouvelles sont ainsi tirées de l’observation des écosystèmes natures… Des entreprises tentent de reproduire le fonctionnement d’une forêt de séquoias. La nature présente aussi énormément de symbioses… »
L’éthique reste le point critique : « Par exemple, en France, un grand programme comme celui de l’amélioration des plantes. Pour moi, en tant qu’écologue, c’est gênant car je ne vois pas comment on peut le faire et par rapport à quoi… Il faut que chacun change, les sociétés humaines aussi… Et surtout, arrêtons de laisser le pouvoir aux mains de quelques grands groupes trop cupides. En France, l’histoire des semences, des OGM est quand même incroyable. »
La transition écologique : « Il faut que le développement humain arrête d’avoir une éthique purement utilitariste tournée vers le profit. Alors, moins d’arrogance, du respect et du partage ! (…) L’humain adore faire ou réaliser des choses qui ne servent à rien !
Préserver la biodiversité pour sauvegarder une source d’innovations : « Chaque espèce vivante qui disparaît est une bibliothèque qui brà’le… On estime à quelque 25 000 le nombre de produits d’intérêt pharmacologique ou cosmétique déjà extraits de l’océan. »
Quelques pistes : « Le projet de Senlis est une initiative partie d’élus avec l’Université de Compiègne… Il a pour objet de créer une pépinière d’entreprises et un laboratoire d’idées qui s’inspirerait d’exemples étrangers pour lancer effectivement une dynamique de rencontres, d’échanges et de réflexion ».
* Gilles Boeuf est professeur à l’Université Pierre et Marie Curie, et président du Museum national d’histoire naturelle à Paris. Il effectue ses travaux de recherche au laboratoire Arago de Banyuls sur mer.