La Fondation Bloomberg Philanthropies vient d’annoncer le plus grand programme de financement privé pour la pêche : Vibrant Oceans, avec 53 millions de dollars sur 5 ans, destinés à trois pays, le Chili, le Brésil et les Philippines. Toutes les pêcheries, artisanales et industrielles, de leur ZEE sont concernées. L’argent est destiné à deux ONGE (Oceana et RARE) et à un fonds d’investissement , EKO. La fondation Bloomberg va sans doute ainsi rejoindre Océans5, le réseau des grandes fondations anglo-saxonnes constitué autour des dirigeants de 7 fondations fortement engagés dans le financement des ONGE et des actions pour les océans. N’est-on pas en train de créer un grand « cartel des 7 sœurs ‘ comme à la belle époque du cartel pétrolier ? Les fondations concernées sont Moore, Marisla, Waitt, Oak, Pew, Moore et Leonardo Di Caprio. On peut y ajouter Planet Heritage. Toutes sont en lien étroit avec Oceana et WWF ainsi que de nombreuses autres ONGE américaines. Le secrétaire général d’Oceana est aussi l’un des dirigeants de Oak, et Oceana est l’un des grands bénéficiaires du programme Vibrant Oceans.
La Fondation Bloomberg a été créée par Michael Bloomberg, l’ancien maire républicain de New York, de 2001 à 2013, l’une des plus grandes fortunes du monde. C’est un personnage complexe, issu du monde de la finance qui a fait sa fortune. Après avoir été démocrate, il est passé au parti républicain pour conquérir New York avant d’en démissionner en 2007. Très conservateur en matière économique et fiscale, il est libéral, à l’américaine, sur les questions de société et d’environnement. Il représente la quintessence de l’écolo-libéralisme, bon chic- bon genre. Sa fondation est dirigée par un conseil où se retrouvent des leaders démocrates et républicains, la droite dure avec un représentant du think tank Heritage Foundation comme un ancien secrétaire d’Etat au Trésor de Bush, Henry Paulson, qui fut aussi Président de Goldmann Sachs. On a vu comment ces gens ont su agir pour le bien de la planète
Le programme Vibrant Océans vise à sauver les océans par les logiques de marché, dans la ligne du Partenariat Mondial pour les Océans. Pour cela, il soutient le fonds d’investissements EKO, créé en 2007 et spécialisé dans « la valorisation monétaire du capital naturel ‘. Ce n’est pas un fonds de bienfaisance, car il s’agit bien de « dégager des bénéfices attractifs ‘. On sait ce que cela veut dire pour les financiers de Wall Stret. Il fait appel au capital privé pour financer des pratiques durables dans la pêche artisanale et industrielle. Tout cela se fera bien sà’r avec tous les outils préconisés par le Partenariat Mondial pour les Océans et en concertation avec les pêcheurs, évidemment. Nous voilà rassurés
Alain Le Sann, février 2014