Le mistral soufflait presque glacial et le ciel, d’un bleu prometteur, laissait croître les rayons du soleil. Tapis dans l’eau remuante, chargée par les vagues de débris, d’algues et de branchages, ils nous attendaient, invisibles mais bien vivants. Ils ? C’étaient ces êtres minuscules, toute une diversité de végétaux et d’animaux qui se révèlent rarement à l’œil nu mais plus sà’rement sous la lentille d’un microscope. Nous ? C’était une quarantaine d’écoliers, turbulents mais pas trop, curieux d’apprendre ce que recelaient ces eaux troubles et mouvantes, et leurs accompagnateurs.
A première vue dans le bocal, une fois le filet, tel une épuisette à mailles très fines, drainé dix minutes le long du quai, le résultat était un peu glauque, pas très ragoutant !
Sur l’écran, lorsque bien assis au chaud, chacun put s’exprimer à son aise, apparurent de drôles de personnages, géométriques, parfois, scintillants comme du verre au soleil, ou cocasses comme peuvent l’être des insectes velus… Jusque-là inertes, le film nous ouvrit à la vie marine, l’imbrication des êtres, pour nous, microscopiques et d’autres bien visibles, le secret de leur reproduction – au moins celle de l’oursin – comment la blennie récupéra une coquille vide pour y pondre ses œufs, ceux qui éclosaient, ceux qui mangeaient ou se faisaient happer… Nous survolions les phases de l’existence en accéléré, tel le dessin animé d’un monde qui nous ressemblerait et pourtant si divers, et d’une autre mesure… une altérité bien singulière.
Nous avions pêché et appris mais tout cela restait un peu abstrait. Alors quand les yeux ont découvert au microscope des bracelets de diamants, les chaetoceros et les melosiras, des soleils dans leur carré de verre – les striatellas – des copépodes traçant leur route, des coscinodiscus ronds comme des planètes, et des larves de polychettes qui prendront la forme de mille-pattes, quand chacun, armé de crayons a donné couleurs et vie à ces « amis » de fraîche date, reliant par la loi de la prédation cette lignée à celle, plus familière, des poissons et des oiseaux, c’est toute notre vision marine qui s’est, d’un coup, agrandie !
Achevés, peaufinés, découpés, ces dessins prendront place dans de petits théâtres de carton que nous aurons cœur à photographier.
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Photos de Sophie H. Marty :