La centrale à charbon, à Gardanne*, a été remplacée par une centrale électrique, dite « biomasse », fonctionnant au bois. Un documentaire de France 5 explique bien la démesure et l’impact de ces centrales dites « biomasse » à bois qui détruisent massivement nos forêts naturelles. Ci-après quelques notes relevées dans le documentaire.
« Un maintien d’emplois direct mais au prix de combien d’emplois de forestiers ou liés au tourisme ?
L’entreprise multinationale a besoin de 750.000 t de bois par an, ce qui va entraîner la multiplication de coupes de bois rases dans la forêt méditerranéenne. L’ouverture est prévue en janvier 2016 mais déjà de nouvelles coupes rases apparaissent…
Les élus se mobilisent : concurrence des chaudières bois déjà installées, pillage des forêts jusqu’à 400 km autour de Gardanne ! La ZAP, zone d’approvisionnement prioritaire pour la centrale, est sans précédent et englobe le Parc national des Cévennes, le Parc naturel du Lubéron, le Parc Naturel du Verdon composés de forêts centenaires de chênes, hêtres, pins, châtaigniers… dans lesquels la multinationale va piocher allègrement.
On ne tient pas compte de nos territoires qui vont être pillés au plus facile pour une rentabilité qui ne va rien rapporter au territoire, que ce soit le public ou le privé.
L’enquête publique n’a concerné que les 5 communes proches de l’usine, bien loin de toutes celles qui sont concernées, sur un périmètre de 400 km… Le procédé repose sur des transports importants de bois, des coà’ts massifs de déchiquetage, et finalement 7 arbres sur 10 ne servent pas directement à produire de l’électricité, ils chauffent le ciel et polluent, soit un rendement énergétique de 30%…
La forêt méditerranéenne s’accroît de 5 millions de tonnes par an dont 1 million est prélevé pour l’industrie papetière, réplique l’industriel. En fait, la forêt « accessible » serait de 4 à 8 fois moins étendue. Par ailleurs, les besoins de l’industrie sont tels qu’il replantera avec des espèces à croissance rapide : pin noir, douglas et autres résineux. Le risque porte sur la nature, la qualité des forêts. Il y a déjà eu une évolution vers les résineux et on commence à manger les feuillus. En terme de biodiversité, c’est dramatique. C’est une logique financière qui se moque de l’état de la forêt initiale. Ce qui lui importe, c’est le taux de rendement du placement. La tendance est de couper des bois jeunes, de petits bois dans des cycles courts, avec pour conséquence l’exportation de minéraux qui empêche la biodiversité forestière de s’installer.
Si on met dans la tête des gens qu’une forêt c’est des arbres côte à côte, indépendamment des espèces, cela mène à des contresens. Ce n’est pas la forêt qui a augmenté, c’est la plantation d’arbres. Si on mélange une plantation monospécifique d’arbres avec une forêt, on ne comprend plus rien et cela permet à une compagnie comme E.ON d’avancer tranquillement, explique le spécialiste des forêts, Francis Hallé.
3/4 des forêts méditerranéennes sont morcelées en une multitude de propriétaires terriens, ce qui a été un frein à la surexploitation industrielle. Mais l’industriel a la capacité, avec le soutien de l’administration, de regrouper les propriétaires…
Désorganisation de la filière locale du bois, liée aux chaudières publiques… Le rapport de la Cour des Comptes préconise l’arrêt d’appel d’offres pour les installations « biomasse ». E.ON doit modifier son plan d’approvisionnement en important la moitié de sa ressource, déplaçant la contrainte sur d’autres territoires.
Les centrales biomasse se multiplient en Europe, avec un impact considérable. La centrale en Angleterre consomme 7 millions de t de bois par an et produit 7% de l’énergie britannique. C’est le moyen de convertir des centrales à charbon, à l’aide de nombreuses subventions. Une façon de renforcer l’immobilisme. L’argent publique sert à maintenir une technique obsolète, sans contribuer à la transition énergétique.
Pour l’heure, 19 000 t de granulés de bois en provenance des USA et du Canada arrivent chaque jour. Les forêts du sud des états-Unis purifient l’eau et protègent des inondations et des tempêtes tropicales. Les coupes rases sont faites aux états-Unis et c’est la solution trouvée contre le réchauffement climatique !
Le terme « biomasse » sonne bien mais, en réalité, l’industrie rase des forêts marécageuses pour les transformer en granulés exportables…. Les forêts d’Amérique du nord sont les plus intensivement exploitées au monde, le déboisement est considérable, particulièrement de la Virgine à l’Oklaoma. Plus de 30% de cet environnement a été coupé ou replanté. Enviva, l’un des plus grands fabricants mondiaux de granulés de bois, malgré son affichage médiatique, recourt à des forêts marécageuses. 90% des forêts du sud des états-Unis sont privées. Les tentatives du gouvernement pour réglementer les coupes des forêts privées rencontrent une résistance très forte… Il s’agit d’un far-west de l’exploitation forestière où tout est permis… Des coupes rases, des feuillus centenaires coupés, un habitat détruit… tout cela au nom de l’énergie verte.
Des chercheurs s’attaquent au concept même » d’industrie de biomasse » : détruire des forêts anciennes (un gros réservoir de CO2), transporter du bois sur longue distance, le déchiqueter et le brà’ler provoquent des émissions de CO2 comparables à celles de centrales à charbon…
Longtemps, les Québecois ont cru leurs forêts immortelles… En 1999, le film « L’erreur boréale » dénonce le pillage des forêts québecoises qui crée un état de choc. Plus les compagnies montent vers le nord, plus les arbres sont petits et clairsemés, les industries deviennent déficitaires…
D’où vient la matière d’un arbre ? Ce qui vient du sol, c’est seulement quelques kilos pour un grand arbre, le reste c’est un amas de polluants atmosphériques. C’est de la pollution bloquée et rendue visible. Qui serait assez stupide pour détruire sciemment nos usines d’épuration, qui plus est « gratuites » ? Détruire les forêts naturelles, c’est un manque d’appréciation de la place de l’homme dans la biodiversité. L’homme est le produit de la diversité biologique. Détruire les bases de cette diversité, c’est suicidaire. Cela va entraîner une augmentation du gaz carbonique, donc un réchauffement climatique, la fonte des glaces, l’élévation des océans… «
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* Déjà tristement connu pour son usine de bauxite, Altéo, qui déverse des boues rouges et métaux lourds radioactifs en Méditerranée.