L’idée que l’élevage terrestre ait permis d’accroître considérablement la production animale sans risque d’extinction des espèces sauvages est parfois appliquée au monde maritime. Encore faut-il savoir de quel élevage parle t-on. Les poissons marins sont pour la plupart des carnivores qui requièrent actuellement entre 3 à 5 fois leur poids en farine de poissons sauvages. L’aquaculture de poissons marins reste entièrement tributaire de la population de poissons sauvages dont on sait depuis longtemps – et avec plus d’acuité depuis l’ère de la pêche industrielle » que les conditions de renouvellement sont limitées. Question d’allocation des ressources puisque l’on pêche industriellement, au large, des espèces dites pléthoriques pour produire, en quantités, des espèces marines valorisées (saumons, loups, dorades, turbots) et des poulets. Jusqu’à quand la nature supportera ces prélèvements massifs d’espèces fourrages, c’est à dire celles qui servent de nourriture aux poissons, oiseaux et mammifères sauvages ?
A ces questions de biologie et de chaîne alimentaire s’ajoutent d’autres problèmes : éthiques (la capture massive dans les eaux des pays du sud d’espèces consommées par les populations locales), de qualité des produits aquacoles (la concentration de la dioxine et des métaux lourds dans la farine de poissons, l’usage parfois abusif d’antibiotiques dans les élevages), de pollutions (impact des rejets liés à l’élevage dans le milieu marin) et des risques sur la biodiversité (échappement des espèces d’élevage, croisement, diffusion de maladies)
La Chine, quant à elle, nourrit une partie de sa population grâce à l’élevage de poissons d’eau douce (carpes) alimentés par des déchets végétaux. Pour les espèces marines, le remplacement d’une part de farine animale par des céréales n’améliore pas forcément l’équation des moyens de subsistance. La panacée n’a pas encore été trouvée.