Après une série d’observations sur l’agriculture et la faim sur notre planète, le conférencier propose des pistes intéressantes.
Observations :
– Un milliard 50 millions d’habitants de la planète (dont 800 millions d’agriculteurs et pêcheurs) ont faim aujourd’hui. Ce chiffre augmente de 50 millions par an. S’il y a une hausse des températures dans les pays agricoles, le prix des céréales va monter.
– L’alimentation se pose en termes de quantité et de justice : il faudrait augmenter de 70% la production agricole mondiale d’ici quelques années, et les riches, étant carnivores, consomment plus de céréales que les végétariens (800 kg contre 200 kg par an).
– Après le coton et l’énergie, les matières premières sont de plus en plus exploitées industriellement, ce qui tend à renforcer les pressions sociales.
– Un tiers des ressources mondiales sont gaspillées : au sud, par manque de silos, moyens de transport et modes de conservation, au nord, par le fait de jeter. A la base, et parce que les ressources étaient abondantes, l’exploitation s’est faite sans compter les disponibilités en ressources (eau, terre, énergie…).
– La terre cultivable s’étend sur 12% de la planète et sur une épaisseur de 50 cm Les autres terres sont trop chaudes, trop froides, trop polluées, trop en pente, trop inondées, trop sèches, trop construites… La superficie cultivée baisse chaque année, sans compter les problèmes croissants de disponibilité en eau, du prix de l’énergie, ou liées au changement climatique (plus de sécheresses, plus d’inondations…).
Les pistes à développer :
– trouver des systèmes agricoles moins consommateurs d’énergie,
– produire à la fois des produits et de l’énergie sur les champs,
– abandonner la chimie (engrais, pesticide, insecticide…), produire plus avec moins, en somme faire avec la nature. Il faut faire travailler le ver de terre à la place du tracteur, soit de l’agriculture écologiquement intensive.
– toujours couvrir les champs, un champ nu est une insulte à l’humanité car en se désséchant la terre s’appauvrit.
– associer les plantations compte tenu des apports en azote, du rôle des insectes, des complémentarités racines longues et courtes…
– développer une agriculture régionalisée
– inventer, ré-insuffler un esprit de pionnier et d’expérimentation dans toutes les fermes, soit encore un pacte social avec l’agriculture
– mieux s’organiser par rapport aux terres cultivables. La Tunisie fut le grenier de l’Europe du temps des Carthaginois. Aujourd’hui, les hôtels sont construits dans la bordure exploitable.
– limiter les échanges de produits agricoles car les surplus des productions efficaces ruinent l’agriculture dans les pays où elle est moins efficace. Quand nos bateaux de surplus arrivent à Dakar, cela ruine les paysans sénégalais…
Exposé de M. Bruno Parmentier : économiste et directeur de l’école supérieure d’agriculture d’Angers.