Au micro de Pascale Marcaggi, Lucien Biolatto nous explique ce qu’est Slow-Food.
Reportage Lucien Biolatto au micro de Pascale Marcaggi : Lucien Biolatto – Slow food – L’Encre de Mer
Ci après quelques extraits :
» Il y a des ressemblances entre le vin et le vigneron, ce n’est pas uniquement un produit mais aussi un terroir, un climat, une culture, une façon de travailler… Comme l’appréciation du goà’t s’affine dans le temps, nous organisons, à partir de groupes locaux, les conviviums, des ateliers du goà’t avec la présence de producteurs qui expliquent leur métier, leur pratiques, leur environnement, l’histoire du produit local (ex de la brousse du Rove)…
Les produits sentinelles sont des produits qui sont en difficulté pour diverses raisons et qu’il convient de protéger. Par exemple, certaines variétés de tomates disparaissent au profit de deux ou trois cultivées hors sol de façon intensive dans le sud de l’Espagne, avec une main d’œuvre qui travaille dans des conditions déplorables, un gaspillage de l’eau qui va entrainer une catastrophe écologique… En France, actuellement, il y a une vingtaine de produits sentinelles dont la brousse du Rove, le petit épeautre de Haute Provence, une variété de lentilles…
A partir de là , on s’est interrogé sur la forme d’agriculture qui serait souhaitable : produits bio, systèmes d’AMAP… C’est une forme de militance mais qui se fait concrètement en aidant les producteurs pour des produits « bons, propres et justes ». La notion du « bon » est à apprécier localement. Si nos palais occidentaux n’apprécient guère le durian, les Asiatiques ont parfois du mal avec le roquefort ! « Propre » par rapport à l’environnement et « juste » car le prix doit pouvoir rémunérer correctement le producteur.
Les actions vont de la visite de producteurs, à des cours de cuisine, des salons locaux ou nationaux comme Eurogusto à Tours en novembre dernier. Pierre Mollo y était venu parler du plancton car le lien est très fort entre plancton et agriculture, pêche ou cultures marines. A Turin, il y a tous les deux ans un salon international et aussi une manifestation originale : Terra Madre. Les conviviums partout dans le monde repèrent des producteurs engagés dans cette démarche. En novembre 2010, ce sont 3000 communautés du monde entier qui se sont réunis à Terra Madre, avec des universitaires qui s’intéressent à ces questions, et aussi le groupe des chefs et des cuisiniers qui sont des médiateurs extra-ordinaires. Les chefs, cela peut-être un trois étoiles ou quelqu’un comme Manon Ranc, traiteur ambulant, qui prépare le buffet de ce soir.
Terra Madre est un réseau mondial, informel, non hiérarchique, plutôt horizontal. Par exemple, près de Rome, y avait un étang pollué. Les collectivités locales ont nettoyé la zone et la pêche des muges a pu être développée, avec préparation de poutargue et ouverture d’un restaurant. Suite à la rencontre de pêcheurs d’une île chilienne, ces pêcheurs italiens sont partir au Chili voir comment mettre en place une forme de pêche semblable. Un autre exemple est donné par la Tribu Sami qui ne connaît pas les frontière et qui vit de l’élevage des rennes. Grâce à l’usage d’Internet, ils ont pu établir de nombreux contacts et amener la Suède à la reconnaissance de leur peuple… Ainsi, Slow Food déborde largement la notion de produit…
Ici, on a pensé que c’était important de s’associer à L’encre de mer parce qu’ils connaissent bien les poissons et qu’il est nécessaire de valoriser les espèces méconnues ou oubliées. Ainsi, nous avons organisé, au printemps dernier, une dégustation sur le port de Sanary avec du chinchard (ou sévereau) crà’… »