Bruits de couloir, rumeurs, craintes, attente… une nouvelle fois les métiers du gangui et du petit gangui sont mis sur la sellette par nos dirigeants européens et français. Paraitrait que l’Europe aurait tranché mais que la France garderait l’information sous le coude…. Enfin, c’est ce qu’il se dit sur les quais du Var.
Difficile à comprendre que « d’en-haut » l’on puisse rayer des métiers, des cultures, des patrimoines d’un trait de plume, surtout quand il s’agit de « petit métier », voire « très petit métier ». Le « petit » gangui, entendez une toute petite drague destinée à l’appât, aux crevettes, à la soupe ou aux oursins, a nourri des générations de pêcheurs pendant les mauvais temps d’hiver, sans dommage pour les fonds et les herbiers. Les ganguis, très réglementés, ont géré leurs zones depuis belle lurette. Ces pêcheurs locaux, très fortement liés à leurs « terroirs », n’auraient pas ruiné leurs champs, autrement ils auraient déjà disparu depuis longtemps !
Mais puisque le principe est de « traîner » et que tout ce qui est « engin trainant » a mauvaise presse en ce moment (quel que soit l’usage, le mode d’action, le lieu où il s’exerce…), les ganguis devraient se soumettre aux règles des engins traînants, tout comme les chalutiers de 24m ou plus : être exercé à 3 milles des côtes, avec un maillage minimal de 40 mm… (c’est un peu comme de demander aux trottinettes de rouler sur les autoroutes, à la vitesse minimale tolérée).
Depuis 1988, date de mise en place de la réglementation européenne en Méditerranée, les pêcheurs et les prud’hommes font valoir que la gestion de la pêche artisanale tire sa cohérence du territoire et des écosystèmes, et non des métiers en tant que tels, et que sa richesse (mais aussi les conditions de sa survie) tient à la diversité des métiers et à la polyvalence (le savoir-faire) des pêcheurs. Il semble que les grands qui les gouvernent ne les entendent pas… Vouloir faire de l’exploitation intensive en zone de haute montagne, c’est la démarche qu’ils tendent à imposer dans la pêche. Interdire progressivement toute cette diversité, c’est entrainer de facto la reconversion sur les engins restants et sur les zones et les espèces qu’ils ciblent, bref cela revient à créer de la surexploitation là où il n’y en avait pas.
Pourtant, ces pêcheurs et leurs organisations se sont efforcés de faire faire des études et des suivis scientifiques, et de mettre en place des plans de gestion. Il a même été tourné un film sur un gangui en action par le Parc de Port-Cros pour démontrer que l’impact était négligeable.Alors, sont-ils mal soutenus par leur autorité de tutelle ? Il se dit aussi que leurs confrères italiens auraient eu plus de chance (discriminatoire la réglementation européenne ?). Peut-être ont-ils eu tort de dénoncer d’autres impacts (mouillages des grands navires de croisière sur les herbiers de la rade d’Hyères, pétardages de la Marine Nationale…). Allez savoir.
Voir aussi : Gangui, une mesure européenne contre-productive