Une très vieille aventure

Lequel d’entre nous n’a jamais imaginé, sur la trace des écrits de Jules Verne ou Robert Merle, se retrouver sur une belle île déserte (enfin pas forcément déserte) et tenter de survivre avec ce que la nature propose en s’aidant de quelques moyens rudimentaires et de brèves connaissances scientifiques

Ce rêve a pris la forme d’une curieuse expérience. En voici l’histoire :

Nouvellement arrivé à  Châteauneuf les Martigues, ma passion pour l’étude de la préhistoire m’a conduit au site de la « Font aux pigeons ‘ fouillé en 1979 par mon ami Jean Courtin, archéologue et directeur de recherches au CNRS, et en 1950 par M. Escalon de Fronton, directeur des antiquités préhistoriques.

Captivé par le « Mésolithique castelnovien ‘, me voilà  donc transporté 8000 ans en arrière, au « Grand abri ‘, assis, vêtu de peaux tannées à  l’ocre et tenant à  la main une coquille de moule crantée, auprès d’un bon repas fait d’escargots, de lièvre, et de daurades grillées

Mais comment ont-ils pu pêcher tant de daurades dont les fouilles témoignent ? Voilà  une énigme intéressante pour un homo sapiens de l’ère industrielle

Pour pêcher de la dorade il y a 8000 ans, il faut tout d’abord se rendre au bord de la mer, soit une heure de marche au travers de la chaîne de la Nerthe. A la fin des temps glaciaires, la mer n’est pas remontée assez haut pour franchir la Passe de Caronte, et l’Etang (de Berre) ou les marais de la plaine au Nord ne sont pas encore saumâtres. Il faut utiliser du fil, des hameçons, des cordes, une pirogue monoxyle , peut être des torches pour pêcher de nuit à  la foêne ou au harpon

Pendant une année, je vais, sous le contrôle scientifique de Jean Courtin, reconstituer tous les outils qui ont pu servir à  ces captures de poissons de mer. L’idée maîtresse c’est que les moules crantées ont pu permettre de carder des fibres végétales (lin sauvage, orties, genêt d’Espagne) préalablement rouies et teillées ; tout cela pour faire des fils et des cordes. De tâtonnements en échecs, de succès en désillusions, le travail avance lentement avec quelques émanations malodorantes (le rouissage des fibres dégage des odeurs de pourriture) ; l’objectif étant de ne recourir qu’à  des matériaux et des techniques pré-historiquement avérées.

Afin de retrouver une ichtyofaune la plus proche possible de ce qu’elle pouvait être au Mésolithique, et sur les conseils des services archéologiques de la Ville des Martigues, je sollicite auprès du « Parc Marin de la côte bleue ‘ l’autorisation de tester mon matériel en zone protégée.

Reste à  prévoir le savoir-faire La technique et le matériel patiemment élaborés sont présentés aux pêcheurs professionnels de Carro qui délèguent l’un d’entre eux, Claude Fasciola, pour me venir en aide dans cette expérimentation.

Le lundi 13 octobre, Claude, le patron-pêcheur m’embarque avec Taïs, mon bouvier bernois, sur le « SANCHRIST ‘. A la sortie de l’Anse du Verdon nous mouillons vers 18h un palangre de 100 m de long fabriqué avec une corde à  trois torons en lin (diamètre : 2,8 mm). Tous les deux mètres sont fixées des brassoles (cordelettes) en lin ou en boyaux de caprins (de 6/10ème ou 8/10ème) sur lesquels sont montés des hameçons bi-pointes en os de lièvre, boutoir de sanglier ou bois de cerf. Calé à  une douzaine de mètres de profondeur, l’engin est lesté de pierres calcaires. Pour ce premier test, nous sommes hors de la réserve.

Dès l’aube, nous nous retrouvons toute une équipe, prête à  embarquer, pour suivre l’opération en cours : F. Bachet, directeur et plongeur du Parc marin de la Côte Bleue, mes amis de « silex fac-similé ‘, G. Chabriére et C. Trubert, M. Lancestre, journaliste de La Provence, notre capitaine Claude, Taïs et moi.

Au petit matin les couleurs du soleil percent la brume, éclairent en rose la côte qui défile sur notre gauche. Arrivés en vue des bouées, notre plongeur s’équipe, s’immerge avec une caméra. La tension monte d’un cran, plus personne ne parle, tous les yeux sont fixés sur les bulles qui arrivent en surface Du fond, sombre, nous parvient la lueur d’un flash ! Et dans les secondes qui suivent la mer bouillonne, Frédéric Bachet émerge avec, de sa main tendue, le signe de la victoire, il enlève son embout et nous dit : « Il y en a deux au fond ! Des grosses ! J’y retourne, attendez pour remonter le palangre ‘. A bord c’est l’explosion ! Les cris s’entendent au travers des âges jusqu’aux oreilles de nos ancêtres du « Grand abri ‘, occupés à  manger loups et daurades. Jean Courtin a trouvé les restes de leurs repas au milieu des moules crantées et des lames de silex, et nous venons de prouver comment ils avaient pu procéder pour se ravitailler. Mon premier coup de fil est pour lui, le second pour mon épouse qui a supporté pendant un an les odeurs nauséabondes et un mari absorbé dans ses travaux.

Nous sortons de l’eau deux belles daurades royales qui ont mordu à  l’appât constitué de morceaux de seiche et de pieds de coque. Le retour au port est triomphal et, comme il se doit, arrosé au champagne. Le travail n’est pas terminé, il reste à  publier le mode opératoire et les résultats de l’expérience.

L’aventure humaine commence parfois au fond de son lit, à  12ans, un livre à  la main ; c’est la mienne et je la souhaite à  tous, car elle est « trop ! ‘ comme disent mes petits enfants.

Toomaï

Pour en savoir plus sur les techniques de préparation des fils et cordes

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Bilan préoccupant pour les espèces protégées en France

La France dispose, pour la première fois, d’une photographie de l’état du vivant sur son territoire… tout au moins la part la plus remarquable et la plus rare de son riche patrimoine naturel. … »Il y a plus d’espèces végétales dans le département des Alpes-Maritimes que dans tout le Royaume-Uni »…

Environ 200 espèces animales et 100 espèces végétales protégées ont été étudiées, ainsi que 132 habitats naturels (lagunes côtières, prés salés, dunes, etc.) qui sont le support de la vie des espèces. ..

« Ce n’est pas un inventaire exhaustif, mais une évaluation des espèces protégées dans le cadre de la directive habitats, qui sont par définition rares ou menacées… »

Pour chaque espèce, quatre critères sont pris en compte : l’évolution de l’aire de répartition ; l’état des effectifs ; l’état des habitats de l’espèce ; ses perspectives futures….

Globalement, les espèces liées à  l’eau sont les plus mal en point. Les habitats côtiers et marins, les dunes, les tourbières et les habitats d’eau douce sont également dégradés.

Ce sont les activités agricoles et forestières qui contribuent le plus à  la perte de biodiversité… L’urbanisation et la fragmentation des habitats par les grandes infrastructures, …, constituent la deuxième grande menace.

L’enjeu est de préserver un patrimoine pour sa valeur propre – comme l’est le patrimoine historique -, mais aussi pour les services rendus à  l’humanité par les écosystèmes qui le composent…

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Les limites territoriales des Prud’homies en mer

Le décret de 1993 fixe les limites des Prud’homies à  terre mais qu’en est-il des limites entre les Prud’homies en mer, particulièrement quand la côte est découpée ? Les pêcheurs ne savent pas, parfois, dans quelles eaux ils
travaillent. Y a t-il une règle ou est-ce un accord entre les
prud’homies qu’il faut faire avaliser ?

Ci-après, les réponses de Sébastien Mabile, consultant en droit :

Sur les délimitations de frontières maritimes, il n’y a pas de règle
générale même si 80% des accords internationaux retiennent la règle de
l’équidistance
: on prend deux points de chaque côté et à  la même
distance de la frontière terrestre, et l’on établit une ligne vers le
large qui sera toujours à  distance égale des points retenus de part et
d’autre de la frontière. C’est une opération complexe qui donne souvent
lieu à  un arbitrage international pour les frontières maritimes des
Etats. De nombreuses frontières ne sont d’ailleurs pas encore définies.
Il existe une autre règle, celle de l’équité, qui consiste à  prendre en
compte des critères plus subjectifs, tels que les stocks de pêche, la
richesse des sous sols etc pour tracer une frontière qui sera équitable
pour les deux parties. Entre prud’homies, un accord qui ferait référence
à  une carte marine annexée à  l’accord sur laquelle est tracée la
frontière admise par les prud’hommes devrait suffire (en retenant par
exemple la méthode de l’équidistance).

Décret 93-56 du 15 janvier 1993 fixant les limites territoriales des Prud’homies en Méditerranée

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A toujours choisir les gros, les populations de poissons dégénèrent

Une nouvelle étude concernant la dynamique des populations et l’impact des captures sur la ressource confirme notre article du mercredi 21 janvier 2009 : «Gestion des pêcheries : Que les fonctionnaires se désintoxiquent de la «juvénilomanie ‘. David Conover, un biologiste marin de l’Université de Stony Brook dans l’état de New York, et ses collègues montrent qu’en ne pêchant que les gros poissons, la population dégénère, du fait que les individus au capacité génétique inférieure sont protégés par la réglementation !

Pour lire l’article en entier

Sur le même sujet, voir document de Jean-Michel Le Ry
Juvéniles ou géniteurs

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Enfin une vidéo sur la thonaille !

Le film a été tourné par Télé Monté Carlo sur « l’Orchidée », avec Jean-Claude Bourgault et Aline Espana, patrons-pêcheurs à  Port de Bouc. C’était en 2001, au moment de l’expérimentation des « répulsifs » pour éloigner les dauphins.

Voir la vidéo

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On s’est tellement régalé avec cette bonite, d’y penser me réjouit encore…

Pour une jolie bonite de 2 kg, fraîchement pêchée, il faut un gros oignon, un gros citron, quelques brins de fenouil et de l’huile d’olive nécessairement. Un morceau de céleri-rave pour l’accompagnement.

Sur un lit d’oignons émincés, je pose la bonite – vidée, rincée et essuyée – et lui insère quelques brins de fenouil dans les entrailles. J’arrose largement d’huile d’olive, je sale et poivre, et je parsème de rondelles de citron. La cuisson se fait à  four modérée (4 à  5). Pour éviter que les oignons ne se désèchent trop, j’arrose d’huile d’olive en cours de cuisson.

Quand le poisson est cuit, je verse le fond de cuisson avec oignons et citrons dans un bol, et j’allonge cette mixture d’une rasade d’huile d’olive fraîche. Je sers le poisson avec un peu de cèleri-rave râpé, le tout arrosé largement de sauce.

A la dégustation, les filets s’effeuillent et leur saveur charnue se marie bien avec le citron et l’oignon confits, et le petit goà’t de fraîcheur du céleri-rave cru.

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Actualités du 2-6 mars 2009

France : Pêche durable, charte entre le Comité des pêches et le centre Nausicaa

Le centre de la Mer Nausicaa de Boulogne-sur-mer et le comité national des pêches (CNPMEM) ont signé jeudi une charte de coopération pour bannir une pêche illégale, promouvoir une pêche responsable et encourager une consommation durable des produits de la mer. Les deux organismes vont unir leurs efforts notamment pour attirer l’attention des pêcheurs mais aussi du grand public sur les enjeux de la pêche et de la consommation durables des ressources marines. Pour les pêcheurs, il s’agira, par exemple, de les faire participer via leurs comités locaux et avec l’aide des scientifiques, à  la gestion des ressources. Pour les consommateurs, la charte prévoit une « information massive sur le choix des espèces, leur provenance et leur saisonnalité ».

Source : AFP, 26 février 2009

France : Réforme des comités des pêches, quel lien entre l’Etat et la gestion locale de la pêche et des territoires ?

Nous étudions le projet de réforme des organisations professionnelles de la pêche et constatons que celui-ci ne prend pas en compte la situation méditerranéenne, soit 85% de petits métiers répartis sur plus de 2 000 km de côtes (Corse incluse) et représentés par 120 prud’hommes pêcheurs nouvellement élus et ce, par un système d’élection directe tout à  fait démocratique. La présence en tous les points du littoral de marins habitués à  la gestion des pêches et des territoires est un point fort de notre gestion littorale. La création d’aires marines protégées, dont certaines datent de plus de 20 ans, ne s’est faite qu’avec la participation des prud’homies de pêche. Enfin, du fait de notre expérience millénaire de la pêche nous avons su garder bon nombre de petits-métiers relativement sélectifs et dont l’intensité de capture est limitée. Ainsi, nous vous demandons d’intégrer les Prud’hommes dans la réforme de l’organisation professionnelle de la pêche afin d’assurer une cohérence entre notre gestion au niveau local, et les décisions prises aux niveaux national et européen.

Source : Extraits de la lettre du Collectif de Prud’homies de Méditerranée au Ministre de la pêche,
27 février 2009

Espagne – Algérie : L’armateur de pêche Aresa s’installe à  Alger

Le groupe espagnol nautique Aresa, dont les bateaux de pêche sillonnent depuis vingt ans les côtes algériennes, s’installe à  Alger à  travers un bureau de la société de droit algérien «Sermar’ (Service maritime). L’activité du bureau d’Alger se résume en trois étapes. Le service après-vente, c’est-à -dire la maintenance, l’entretien… L’activité qui couvrirait tous les pays d’Afrique du Nord, le carénage, ou la mise en cale sèche pour entretien ou la réparation, et enfin le chantier naval proprement dit pour la construction d’embarcations neuves. Le groupe a affirmé son intention d’investir aussi le secteur de l’aquaculture avec la construction de bassins et de fermes aquacoles, créneau porteur en Algérie où des efforts particuliers sont développés dans ce sens pour atteindre, entre autres, le ratio onusien de consommation de poissons en Algérie.

Source : Abdelkrim Amarni,
L’Expression, 5 mars 2009

Barheïn : Les pêcheurs demandent une rediscussion du projet Vision 2030

Les pêcheurs souhaitent que les ports et les pêcheries soient tenus en dehors des plans d’aménagement côtier prévus par le projet « Economic vision 2030 ». Ils affirment que les aménagements de grande ampleur prévus risquent de détruire leurs moyens de subsistence et une source de nourriture durable pour le pays. 1 700 pêcheurs ont lancé une grève nationale illimitée. Ils signalent que les aménagements côtiers les ont privés de près de 80 % de leurs revenus ces 5 dernières années. Ils réclament des compensations.

Source : Basma Mohammed, GDN
Traduit de Samudra Alert News, 3 mars 2009

Philippines : Une nouvelle réserve dans le nord d’Iloilo

Une nouvelle réserve marine vient d’être définie aux Philippines au nord d’Iloilo. Une zone tampon, où la pêche traditionnelle sera autorisée, sera délimitée autour de la réserve.

Source : Florence F. Hibionada, The News Today
Traduit de Samudra Alert News, 4 mars 2009

Echos du COFI, 28ème session à  Rome 4-6 mars 2009

Le COFI (Comité des pêches de la FAO) se réunit à  Rome du 4 au 6 mars 2009. En parallèle à  cette manifestation quelques ateliers sont organisés, dont celui sur les droits humains dans la pêche artisanale, organisé par ICSF le 4 mars, suite aux ateliers de Bangkok.

Source : Fanny Brun, Collectif Pêche & Développement

La FAO provoque un tollé avec un appel à  plus d’aquaculture

Les Ong environnementalistes ont réagit violemment à  l’annonce d’une recommandation de la FAO incitant à  augmenter fortement les élevages de produits de la mer pour compenser la baisse des produits sauvages et satisfaire les besoins de consommation.

Source : Frank Pope, Times Online
Traduit de Samudra Alert News, 3 mars 2009

La pêche en mer, le métier le plus dangereux du monde

24 000 personnes meurent chaque année en mer sur un total de 15 millions de travailleurs engagés à  plein temps dans la pêche en mer. La FAO met en cause principalement la chasse aux économies et le mauvais état de nombre d’embarcations. Les pêcheries les plus dangereuses sont situées dans le nord-est du Pacifique, l’Atlantique nord et la mer du nord.

Source : morningstaronline.co.uk
Traduit de Samudra Alert News, 4 mars 2009

Fanny Brun

Publié dans Actualités, Collectif Pêche et Développement | Commentaires fermés sur Actualités du 2-6 mars 2009

Actualités du 9 au 13 mars 2009

France, Méditerranée : « Non à  la thonaille » de la Cour européenne de justice

La Cour européenne de justice ré-affirme l’interdiction de la thonaille puisque c’est un filet dérivant, même s’il ne dérive pas (!) et ce, « sans discrimination » même si cet engin traditionnel ne capture que peu de thons rouges (300 t sur un quota de 5 500 t), avec une très faible incidence sur les dauphins, et qu’il permet de rentabiliser une flottille artisanale de 83 navires de moins de 14 m, sur une zone de 55 000 km², durant 5 à  8 jours par mois entre mai et octobre… alors que le quota restant (5 200 t) est exploité par une flottille industrielle. Dans sa logique juridique, la cour de justice européenne, par son arrêt du 5 mars 2009, rejette le recours de la France pour la thonaille et la condamne pour n’avoir pas pris les mesures nécessaires pour faire respecter l’interdiction de ce métier. Ce faisant, elle met sérieusement en danger la petite pêche artisanale méditerranéenne, l’environnement littoral et le rapport harmonieux de l’un avec l’autre qui s’est développé au cours des siècles par la gestion prud’homale. Finalement, ce sont les pêcheurs d’abord, l’environnement ensuite, la collectivité enfin qui font les frais de ce genre d’interdiction généraliste…

Source : L’Encre de mer, 9 mars 2009

France : Marché, une baisse des prix qui inquiète

Les cours sont anormalement bas sous les criées françaises, suscitant l’inquiétude chez les producteurs. D’un côté, les apports remontent progressivement en charge et, de l’autre, la demande reste faible sur toutes les espèces, du fait de la crise économique. « Des pays comme l’Islande ou la Pologne exportent sur la France des quantités importantes de cabillaud à  bas prix. Ecossais et Irlandais du nord font la même chose avec la lotte et la langoustine, profitant de la baisse de leur monnaie par rapport à  l’euro. Les Anglais adoptent une stratégie identique pour la sole. Les Espagnols, eux-mêmes, essayent de vendre en France du merlu à  très bas prix qui ne trouve pas preneur chez eux. »

Source : Benoît Lobez et Philippe Urvois,
Le Marin, 6 mars 2009

France : L’ormeau de Groix est nourri aux algues

Groix, désormais élève ses ormeaux. Groix Halieutis est le deuxième producteur en Bretagne. Dans le Nord Finistère, le fin gastéropode est élevé dans des cages immergées en mer. Ici, l’ormeau est produit à  terre. Le mollusque évolue dans de grands bacs de 700 litres, disposés en rayonnage, sur quatre niveaux, à  l’abri de la lumière. Il se nourrit « à  90% de granulés, sans OGM, à  base d’algues, enrichis d’oméga 3 et à  10 % d’algues cueillies à  marée basse autour de l’île.

Source : Charles Josse,
Ouest-France, 4 mars 2009

Somalie : Des soldats de l’Union Africaine blessent un pêcheur somalien

Des soldats de l’Union Africaine basés dans la capitale de la Somalie, Mogadiscio, ont blessé un pêcheur somalien et détruit des bateaux de pêche mercredi 4 mars. « Nous étions en pêche à  environ 40 milles au sud de l’aéroport quand des soldats ougandais, embarqués sur de petits bateaux, ont ouvert le feu sur nous sans sommation. Nous pensions qu’ils étaient des gardiens de la paix, mais nous les considérons maintenant comme nos ennemis. Nous ne sommes pas des pirates, nous sommes des pêcheurs en quête de notre nourriture quotidienne », témoigne un pêcheur somalien.

Source : Shabelle Media Network,
Traduit de Samudra Alert News, 11 mars 2009

Les îles du Pacifique s’inquiètent de la prolifération d’espèces étrangères dans leurs eaux

Cette prolifération d’espèces étrangères porte atteinte aux activités de pêche, aux sources de revenus des populations, ainsi qu’à  leur santé. Ces espèces peuvent produire des substances toxiques qui, absorbées par des coquillages ou des poissons peuvent affecter la santé des humains qui consomment ces produits de la mer.


Source : Radio New Zealand International,
Traduit de Samudra Alert News, 12 mars 2009

Echos du COFI, 28ème session à  Rome 4-6 mars 2009

Assurer des revenus durables aux pêcheurs artisans et traditionnels

Le Forum mondial des peuples pêcheurs (WFFP), le Collectif international d’appui aux travailleurs de la pêche (ICSF), et le Comité international de planification pour la souveraineté alimentaire (IPC) sont intervenus lors de la 28ème session du Comité des pêches (COFI) de la FAO à  Rome le 4 mars dans un atelier intitulé : « Pour une pêche durable : pêche responsable et droits sociaux ». Ils ont proposé à  la FAO d’ajouter un chapitre au « Code de conduite pour une pêche responsable » sur le développement durable de la pêche à  petite échelle de sorte que « les femmes et les hommes de la pêche, et les communautés indigènes aient accès à  leurs droits sociaux, économiques et culturels, ainsi qu’à  leurs droits civiques et politiques. » Ils ont souligné que la pêche à  petite échelle assurait la moitié des captures mondiales en mer et en eau douce, participait à  la sécurité alimentaire et employait plus de 90 % des pêcheurs.

Source : ICSF
Traduit de Samudra Alert News, 9 mars 2009

La société civile interpelle les industriels de l’aquaculture

Le groupe formé par WFFP, ICSF et IPC a mis en avant la forte résistance manifestée par les populations d’Amérique latine, Asie et Afrique envers le développement anarchique et incontrôlé de l’aquaculture industrielle qui s’avère destructive et sa certification comme action durable. Concernant les tentatives de développement de l’aquaculture en Afrique, le groupe insiste sur la nécessité de protéger le droit de produire des alevins, en particulier pour les petites unités locales et indépendantes. Il souligne également l’importance de favoriser les systèmes d’agriculture et d’aquaculture intégrées qui utilisent les sources de nourriture locales. L’introduction d’espèces de poissons génétiquement modifiées devrait être évitée. Le groupe demande un nouveau système de certification incluant des critères sociaux afin d’éviter les expropriations, le surendettement, d’assurer l’approvisionnement des marchés locaux et de protéger les conditions de travail et de vie des employés des fermes aquacoles.

Source : ICSF
Traduit de Samudra Alert News, 5 mars 2009

Fanny Brun

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Du 16 au 20 mars 2009

France : Le conflit ligneurs bolincheurs arbitré au comité régional des pêches

La question de la cohabitation entre bolincheurs et ligneurs du Finistère Sud sera à  l’ordre du jour du prochain conseil du comité régional des pêches de Bretagne le 27 mars à  Rennes. Les ligneurs et fileyeurs entendent dénoncer la délibération qui reconduit chaque année le plafond de capture des navires senneurs en bar et dorade grise et l’interdiction de capturer de la dorade rose. Les bolincheurs sont prêts à  en rediscuter, selon le président de leur association. Ce rendez-vous fait suite à  la prise de 2 tonnes de dorade rose réalisée le 25 février par un bolincheur. Une violation manifeste des règles de cohabitation, unanimement condamnée par les deux parties.

Source : Frank Jourdan,
Le Marin, 13 mars 2009

France : Le merlu va mieux, pêchons-en moins

« Une réduction transitoire des captures » : c’est ce qu’annonce le nouveau plan de gestion à  long terme du merlu adopté par la commission européenne. Tout en se réjouissant du succès du précédent plan de reconstitution qui a rendu le poisson plus abondant, le Commissaire Joe Borg annonce qu’il faut placer la barre encore plus haut. Il s’agira essentiellement de réduire les quotas de pêche. Qu’en ira-t-il quand on appliquera bientôt le même système à  des espèces comme la sole du golfe dont les quotas sont beaucoup plus serrés ?

Source : Raymond Cosquéric,
Ouest-France, 19 mars 2009

Grande Bretagne : Les pêcheurs de fond doivent annoncer tous leurs déplacements

Les pêcheurs de fond britanniques vont devoir faire-part de tous leurs déplacements à  la nouvelle agence (UK Border Agency) sous peine de poursuites judiciaires. Le projet de loi prévoit que tous les chalutiers devront se conformer à  ces nouvelles règlementations d’ici 2014, en utilisant internet pour prévenir l’UK Border Agency de tous leurs déplacements à  l’étranger. Le gouvernement justifie ces nouvelles réglementations par la lutte contre le terrorrisme, contre l’immigration clandestine et le trafic de drogue.

Source : FISHupdate.com,

Traduit de Samudra Alert News, 17 mars 2009

Sierra Leone : Le SLAFU réunit 530 communautés de pêcheurs

SLAFU (Sierra Leone Artisanal Fishing Union, l’Union des pêcheurs artisans sierra-léonais) a organisé le 15 mars une réunion nationale où 530 sites de pêche artisanale étaient représentés! Le gouvernement a constaté l’importance de l’organisation et le travail effectué pour amener les populations de pêcheurs sous une seule organisation. Cependant, ce sous secteur de la pêche est marginalisé, alors qu’il emploie presque 400 000 personnes, et fournit des protéines à  toute la population (90% du poisson consommé localement). Le gouvernement n’a jusqu’à  présent pas donné d’appui à  ce sous secteur.

Source : Thomas F. Spencer,
SLAFU, 16 mars 2009

Burundi : Un cri d’alarme des pêcheurs

La Fédération Burundaise de Pêche et Protection du Milieu Aquatique (FBP), lance un cri d’alarme à  la communauté internationale,et aux organisations internationales de pêcheurs, pour venir en aide aux pêcheurs artisans du Burundi scandaleusement affectés par la guerre fratricide qui vient d’endeuiller le Burundi pendant plus d’une quinzaine d’années. En effet, trente mille familles de pêcheurs, rapatriées et sinistrées, sans terre cultivable, et dont la pêche est l’unique source de revenus, croupissent dans une misère sans précédent suite au manque de matériel de pêche adéquat. Pour pouvoir survivre, ils ont recours aux moustiquaires, gratuitement offertes par des hopitaux et les programmes de lutte contre la malaria, pour pêcher et capturent des alévins, ce qui participe à  l’épuisement des ressources halieutiques. Pour faire face à  cette situation, la FBP vient de se doter d’une coopérative d’avitaillement et de solidarité (CASPEBU) qui a pour mission d’approvisionner les pêcheurs en matériel de pêche adéquat à  crédit. Pour répondre aux besoins des pêcheurs, elle aurait besoin d’un capital de 3 millions de dollards américains. Les pêcheurs n’ont pu contribuer qu’à  la hauteur de 5%.

Source : Don Trésor IRANTIJE,
Président du FBP, 14 mars 2009
fbp_bff@yahoo.fr

Chili : Un producteur de saumons norvégien tente de licencier une ouvrière enceinte

Discrimination, harcèlement, mauvais traitements, sont des situations auquelles les femmes enceintes qui travaillent dans l’industrie du saumon sont confrontées. C’est ainsi que la multinationale Cermaq/Mainstream a voulu licencier 14 ouvrières enceintes de son usine de Calbuco au sud de Puerto Montt. Dans ce secteur, les violations des normes de protection de la maternité sont courantes. Une situation lamentable d’autant plus que la main d’oeuvre dans ce secteur est à  70 % féminine. Mainstream fait partie du groupe Cermaq, dont l’état norvégien est un gros actionnaire. Elle est présente au Canada, en Ecosse, en Norvège et au Chili et produit environ 120 000 tonnes de saumon par an.

Source : Ecoceanos News, 16 mars 2009

Vietnam : Les exportations de crevettes ont perdu 60 % de leur marché

Les exportateurs de crevettes vietnamiens ont perdu 61 marchés d’exportation depuis le début de l’année. A la fin de l’année dernière, ils exportaient vers 90 destinations différentes, actuellement, ils n’en ont plus que 29. Ils sont en sévère concurrence avec des producteurs thaïs, indiens et indonésiens.

Source : VOVNews,
Traduit de Samudra Alert News, 18 mars 2009

Fanny Brun

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Des « rivières sous-marines » pour transporter de l’eau douce entre pays

Que pourrait faire la rive nord de la Méditerranée pour aider la rive sud, assoiffée d’eau ? A cette question, souvent posée au 5e Forum mondial de l’eau, qui se déroule jusqu’au 22 mars à  Istanbul, Félix Bogliolo donne une réponse surprenante : « C’est simple, elle peut lui envoyer de l’eau. Techniquement, c’est possible. » M. Bogliolo, un polytechnicien de 55 ans, fondateur de la start-up française Via Marina, veut créer des « rivières sous-marines ».

L’idée est de transférer de l’eau douce par des tuyaux flexibles de quatre mètres de diamètre, posés au fond de l’océan. L’eau serait prélevée à  l’embouchure de fleuves, « quand elle retourne à  la mer et ne peut plus être utilisée par personne », afin d’être transportée sur des centaines de kilomètres.

Cette technologie n’a jamais été utilisée. Les transferts d’eau ont habituellement lieu par voie terrestre, via des pipelines ou des canaux. Quelques transports se font par bateaux, comme en 2008, entre Marseille et Barcelone.

Construire des pipelines en acier comparables à  ceux utilisés pour le transport du pétrole coà’terait trop cher pour véhiculer de l’eau, dont le prix est très inférieur à  celui de l’or noir. La start-up parie plutôt sur la stratégie du roseau, grâce à  l’utilisation de fibres plastiques souples et moins coà’teuses. Le débit pourrait atteindre des dizaines de mètres cubes/seconde, avec un coà’t de revient inférieur à  40 centimes d’euro par mètre cube, soit moins qu’à  la sortie d’une usine de dessalement. Le dispositif consommerait de l’énergie, mais là  encore, moins que pour dessaler.

Quel impact environnemental ? « En prélevant moins de 10 % du débit d’un fleuve à  l’embouchure, on ne crée pas de désordre écologique majeur, affirme M. Bogliolo. Et on approvisionne des régions arides qui ont grand besoin d’eau pour les populations et l’agriculture. »

La start-up n’a pas encore signé de contrat. Mais son fondateur annonce être en discussion avec une trentaine de pays, notamment avec la Turquie, pour l’alimentation en eau de Chypre nord. M. Bogliolo préfère ne pas citer ses clients potentiels, le sujet des transferts d’eau entre régions, a fortiori entre pays, étant très sensible. Malgré tout, des sceptiques font déjà  remarquer que les zones bien arrosées auraient intérêt à  garder leur eau, alors que la ressource se fait plus rare.

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