Une expérience menée avec les pêcheurs
Les petits métiers qui travaillent autour de la Réserve de Cap Couronne trouvent leur compte, un peu en quantité, surtout en taille. Quelques années en arrière j’étais réticent mais je ne le suis plus. Le résultat est flagrant par rapport à l’autre côté du Cap. Les calmars sont de plus en plus nombreux et restent de plus en plus longtemps, à croire qu’ils sont attirés. Est-ce l’effet réserve, un phénomène cyclique ?
Cette réserve, on y a tellement travaillé. On a fixé les limites géographiques : à 150 m du bord pour laisser tranquille le pêcheur à la ligne et pour que les petits bateaux puissent caler à ras de terre par mauvais temps. On a participé aux pêches expérimentales. C’est un peu notre projet aussi, on voulait être dans tous les coups. On voulait pas d’une appropriation par une entité extérieure. On voulait une gestion générale. Dans toutes les réunions, l’avis des pêcheurs est pris en compte. On a aujourd’hui une bonne vue sur l’évolution du stock d’oursins, ça marche. Les pêcheurs du port de Carro accueillent les classes mer -1500 enfants y passent – c’est quelque chose que l’on met en avant, nous ne sommes pas que des prédateurs. Sur l’impact des chaînes de mouillages, c’est venu de l’observation des pêcheurs professionnels en plongée.
C’est une expérience qui a évolué dans le temps, et puis on a une relation privilégiée avec Fred, le Directeur. On a travaillé plus sur le relationnel que fait le forcing avec affichage dans la presse.
Un modèle transposable de négociation
Cette expérience nous a servi pour travailler avec le Port Autonome. On met tous nos problèmes sur la table :
– Un parc marin ? Ok
– à‡a nous lève du territoire ? Ok
– Qu’est-ce qu’on va y gagner ?
Le Port Autonome a du s’agrandir. Malgré tout, en 5 ans, on est passé d’une zone d’exploitation de 3000 ha à 6000 ha : on récolte des moules, des praires, des palourdes, des clovisses en travaillant intelligemment « avec un pétrolier sur la tête ‘. On a 50 autorisations dans le Golfe de Fos, à côté de la réserve. Cet agrément que nous avons négocié avec le Port, on y est arrivé grâce à l’expérience des négociations avec le Parc Marin. Le Port s’agrandit en nous incluant et en nous aidant : on a pu dévier légèrement le trajet des navires pour préserver une zone de pêche. Après 8 jours de mer, les bateaux sont pas à 5 mn près et pour nous c’est important. C’est un partenariat avec une convention de bonne conduite. Le Comité local, la Prud’homie, les Affaires Maritimes et le Port Autonome sont co-signataires.
Nous siégeons aussi dans le Comité de suivi de dragage : 16 millions de m3 de dragage pour agrandir les darses On a fixé ensemble la zone des rejets et prévu l’indemnisation de dégâts éventuels aux chaluts. C’est un exemple de gestion concertée.
William Tillet, Prud’homme et
Président du Comité Local des Pêches de Martigues