En 1930, le gangui était toléré à la voile, sans moteur. Alors tu avais les toulonnais avec des gros bateaux, des chalutiers, qui venaient faire le gangui avec le moteur ; ils avaient les voiles mais ils avaient le moteur et… le moteur il marchait tout le temps ; ils nous enlevaient la vie et c’était presqu’impossible de les empêcher alors on se l’est interdit. Nous on le faisait plus et, eux, ils pouvaient plus venir. Mais ils venaient sur Notre Dame du Mai tout ça… alors que ce sont nos eaux et ils venaient, ils venaient. Alors on est allé les attraper plusieurs fois et c’était la bouteille d’encre avec les administrateurs pour les faire empéguer([coller une amende)]. Voilà , ça a toujours été très difficile mais enfin, une fois que la chose était interdite…
Alors nous nous étions autorisés que la chevrotière([petite drague pour les crevettes)] d’un mètre, pour pouvoir faire la crevette, pour pouvoir avoir de l’esque pour le palangre, voilà . Maintenant alors comme soupe et comme bouillabaisse, ça prenait pas grand-chose hein, presque rien du tout, alors qu’est-ce qui s’est passé ? De la chevrotière, et bin on l’a un peu allongée hé ? La chevrotière devait être en bois en bas, plombée mais en bois. On a commencé par enlever cette barre de bois qui était en bas et qui faisait courir le poisson. C’était un grand tuyau dessus, en fer, et qui tenait sans la barre de bois. Puis ce tuyau, il s’est agrandi, il s’est agrandi, il s’est agrandi et il est devenu à la grandeur d’un gangui ! On appelait ça une drague… Ca s’est fait dans la nuit des temps, ça. Ca s’est pas fait immédiatement. D’année en année, la drague elle grandissait d’un pan([pan ou empan : longueur entre l’extrémité du petit doigt et celle du pouce, ces doigts étant trés écartés)], tu vois ?