Des algues pour guérir le cancer et des huîtres pour détecter la pollution

Des algues pour guérir le cancer et des huîtres pour détecter la pollution

Spécialisé dans l’étude du milieu marin, un laboratoire de l’université de La Rochelle cherche dans les micro-algues des molécules pour traiter les cancers et utilise l’huître creuse pour mesurer la pollution.

Au laboratoire Littoral environnement et sociétés (LIENSs), l’équipe du projet Photomer cherche à  identifier des molécules issues de micro-organismes marins qui serviront de composants en photochimiothérapie.

« On va injecter une substance photosensibilisante sur la tumeur avant d’envoyer une irradiation lumineuse, ce qui va produire des radicaux libres qui vont détruire la tumeur » cancéreuse, explique Virginie Pasquet, une doctorante travaillant sur ce thème.

« Une des voies de recherches pour améliorer le traitement consiste à  trouver de nouveaux sensibilisants. Dans la plupart des cas, il s’agit de pigments chlorophylliens. C’est pour cela qu’on se tourne vers des micro-algues marines », poursuit la jeune scientifique, interrogée au Salon européen de la recherche et de l’innovation (SERI) à  Paris.

« Comme ces micro-algues présentent une grande diversité, on pense trouver des pigments originaux. On a déjà  trouvé un extrait qui fonctionnait et on est actuellement dans l’étape de purification », ajoute Virginie Pasquet. Une dernière étape consistera ensuite à  déterminer la structure chimique de la molécule afin de la synthétiser.

Le chercheur précise que ces composants photosensibilisants peuvent être utilisés « sur les tumeurs solides » mais pas dans le cas d’un cancer du système lymphatique, par exemple. Le traitement recherché, beaucoup plus spécifique qu’une chimiothérapie classique, ne cible que la tumeur, sans endommager les cellules saines situées à  côté.

Si certains organismes marins servent à  guérir le corps humain, d’autres peuvent fournir de précieuses indications sur l’état de l’environnement.

Chez l’huître creuse Crassostrea gigas, qui agit comme un filtre et ne se déplace pas, « des processus d’accumulation peuvent se faire au niveau des polluants, bien plus que dans le cas de l’eau », indique Andrea Luna Acosta, dont la thèse est financée par le département de la Charente Maritime et la région Poitou-Charentes.

L’équipe du laboratoire LIENSs cherche notamment à  observer la réponse immunitaire apportée par l’huître aux dégradations de son environnement.

L’aquaculture, une activité importante le long du littoral, est en effet très sensible à  la pollution d’origine humaine.

La recherche porte notamment sur la purification d’une protéine du système digestif de l’huître, la phénoloxydase, qui est considérée comme un marqueur pertinent de l’effet des polluants.

L’activité de cette protéine devrait permettre d’évaluer de manière plus fine la pollution du milieu marin, « et d’agir avant que n’apparaissent des problèmes de santé chez l’huître », assure Andrea Luna Acosta.

© 2008 AFP

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