La Cour européenne de justice ré-affirme l’interdiction de la thonaille puisque c’est un filet dérivant, même s’il ne dérive pas(!)
et ce, « sans discrimination » même si cet engin traditionnel ne capture que peu de thons rouges (300 t sur un quota de 5500t), avec une très faible incidence sur les dauphins, et qu’il permet de rentabiliser une flottille artisanale de 83 navires de moins de 14 m, sur une zone de 55000 km², durant 5 à 8 jours par mois entre mai et octobre… alors que le quota restant (5200t) est exploité par une flottille industrielle.
Dans sa logique juridique, la cour de justice européenne, par son arrêt du 5 mars 2009, rejette le recours de la France pour la thonaille et la condamne pour n’avoir pas pris les mesures nécessaires pour faire respecter l’interdiction de ce métier.
Ce faisant, elle met sérieusement en danger la petite pêche artisanale méditerranéenne, l’environnement littoral et le rapport harmonieux de l’un avec l’autre qui s’est développé au cours des siècles par la gestion prud’homale.
– Le littoral est fortement convoité, occupé, bétonné. De fait, parce que c’est leur zone de travail et que c’est leur culture, ces pêcheurs artisans sont attentifs à leur environnement et s’engagent dans de multiples actions pour le préserver.
– La thonaille permet de rentabiliser une part importante et dynamique de cette flottille artisanale qui s’est fortement réduite au cours des dernières décennies, particulièrement avec la mise en place d’une gestion européenne. Le maintien d’une politique productiviste conjointe à la réduction des flottilles a favorisé la construction de grands navires et la casse des petits… sans bilan sur la ressource, évidemment.
– L’arrêt de la thonaille aggrave d’une part la réduction de la flottille et des communautés de pêcheurs, au détriment de la surveillance et de la protection du littoral. L’on a pu observer que les zones désertées par les pêcheurs professionnels devenaient des lieux de braconnage intensif…
– L’arrêt de la thonaille, d’autre part, entraîne un report de la pêche sur la bande côtière déjà exploitée par la petite pêche littorale et la pêche de loisirs (dont l’impact serait parfois équivalent, mais sans contrôle…). Soit une pression accrue sur cette zone, sachant qu’en période estivale le nautisme gêne considérablement l’activité de pêche professionnelle, et sur les espèces qui en dépendent.
Finalement, ce sont les pêcheurs d’abord, l’environnement ensuite, la collectivité enfin qui font les frais de ce genre d’interdiction généraliste…
De quoi, parfois, décourager les citoyens du processus de construction européenne…
NB : Il y a autant de rapports entre un hareng et une bicyclette qu’entre la thonaille et le chalutage industriel mais Euronews ne le sait pas… à moins qu’il s’agisse de « désinformer » ou « influencer » le lecteur.
Cf. la vidéo d’Euronews sur l’interdiction de la thonaille et l’article d’aquablog qui souligne cette incompétence suspecte… D’ailleurs,la vidéo ne reflète par vraiment l’arrêt de la cour de justice (en document ci-joint)