Le Grenelle de la mer est l’occasion d’un grand melting-pot sur les conditions d’avenir de nos océans. Il est une question sur laquelle nous aimerions voir plancher nos environnementalistes, si présents lors de ces débats.
L’aquaculture industrielle, et la pêche minotière dont elle dépend, sont-elles « durables » ? Pour nourrir les saumons qui remplissent quotidiennement nos assiettes, de grands bateaux ciblent les espèces fourrages (sardines, anchois, sprats…), base de la chaine alimentaire de nos mers et océans. 1/4 des captures mondiales sont ainsi transformées en farine et huile de poissons… Quel est l’impact de ces prélèvements sur la biomasse marine de notre planète ?
Les pollutions et maladies diffusées dans un élément liquide, par les élevages industriels, sont-elles de nature à mettre en péril les écosystèmes et les espèces sauvages ?
La pêche industrielle, en période de raréfaction des stocks, exerce un lobby puissant pour privatiser la ressource sous forme de quota individuel transférable. L’argument présenté par le Livre vert de l’Union Européenne serait une meilleure gestion des ressources. Il ne semble pourtant pas que la privatisation de l’agriculture industrielle (voire des semences) soit le garant d’une bonne gestion environnementale…
Indépendamment de l’aspect environnemental, qu’en est-il des problèmes sociaux et éthiques soulevés par ces choix de production ? Par le jeu d’accords de pêche, ces flottilles exercent régulièrement dans les eaux des pays du sud.([En effet, la farine de poissons concentre les métaux lourds, dioxine et autres présents dans les milieux marins. La baltique étant passablement polluée, les aquaculteurs recherchent la farine des eaux du Chili…)] Quel est leur impact sur les prélèvements des captures artisanales de ces populations ?
Si la pêche artisanale et l’élevage de coquillages ont les moyens de développer des techniques qui ne mettent pas en danger les écosystèmes marins, les mesures concernant la pêche et l’aquaculture sont-elles adaptées à ces outils de production artisanale ? Quelles sont les conditions propres à assurer l’avenir et l’essor de ces entreprises ?
Et dans ces conditions, ne faut-il pas passer d’une réglementation sectorielle à des réglementations territoriales décidées avec les acteurs de terrain, en fonction des caractéristiques environnementales, sociales et culturelles propres à chaque territoire ? Ainsi par exemple, la création de réserves ou aires marines protégées n’a de sens qu’au cas par cas. Cette vision des choses oblige à réexaminer toutes les mesures sous un nouvel angle puisqu’issues de 40 années de productivisme… Un défi qui intègre l’homme et son environnement.