Ecrit par deux scientifiques, Jacques Bruslé et Jean-Pierre Quignard, ce livre permet en quelques questions ludiques de mieux comprendre la constitution et les comportements de nos êtres aquatiques, et incidemment de percevoir les bouleversements engendrés par les activités humaines. Ci-après, 2 citations qui, si elles ne reflètent pas vraiment l’esprit de l’ouvrage, ont attiré notre attention.
« L’intensification des travaux d’endiguements et de chenalisation des cours d’eau, la régularisation des lits des fleuves, la segmentation des rivières par des barrages hydroélectriques ont pour conséquence de réduire le nombre et la qualité des habitats des poissons Les dégâts causés par les dragages pour l’extraction de graviers provoquent une turbidité des eaux et causent la disparition, faute de lumière, des végétaux aquatiques servant d’abris et de garde-manger à de petits poissons comme les épinoches ; ils ont également des effets considérables pour les truites et autres salmonidés, en raison du colmatage de leurs frayères, faites de graviers, par des particules fines (argiles, vases). Par ailleurs, () le réchauffement des eaux par les effluents domestiques et surtout par les centrales électriques est nuisible aux espèces d’eau froide comme les salmonidés. Les cours d’eau européens n’hébergeront bientôt plus que les espèces véritablement résistantes, tels les carpes et les poissons-chats, qui tendent à devenir universelles ! ‘
A propos de l’introduction d’espèces exotiques qui deviennent invasives, nos auteurs notent que le Canal de Suez « a provoqué l’arrivée en Méditerranée de plus de 600 espèces d’immigrants (qualifiés de lessepsiens) originaires de la mer Rouge, dont à ce jour 68([Passées à 73 à ce jour : note de JP. Quignard)] espèces de poissons qui prennent la place des espèces autochtones, tels les sigans Siganus rivulatus, des herbivores qui remplacent progressivement notre saupe, Sarpa salpa ‘.
Et l’on apprend également que le parasite de l’anguille européenne qui la rend inapte à migrer en profondeur pour rejoindre son aire de ponte naturelle dans la mer des Sargasses, provient de l’introduction en Europe occidentale d’anguilles japonaises destinées à l’élevage, ces dernières étant résistantes à ce parasite.