… Jusqu’à présent, contrairement aux chasseurs et aux pêcheurs en eau douce, titulaires d’un permis, la pêche de plaisance n’était pratiquement soumise à aucun contrôle. La « charte d’engagements et d’objectifs pour une pêche maritime de loisir écoresponsable », signée, en juillet, entre les représentants des pêcheurs et les ministères de l’agriculture et de l’écologie, vise, pour la première fois, à mieux encadrer cette activité, dont l’impact sur les ressources marines est loin d’être négligeable…
« Chaque plaisancier prélève en moyenne 10 kg de poissons par an… Individuellement, chacun pense que ce n’est pas grand-chose, mais quand on multiplie par le nombre de pêcheurs, on arrive parfois au même niveau que ce qu’attrapent les professionnels. » C’est le cas pour le bar (5 600 tonnes par an, contre 5 300 pêchées par les professionnels), le lieu jaune, et dans une moindre mesure, la dorade…
En outre, les pêcheurs plaisanciers prélèvent souvent des spécimens trop petits, par méconnaissance… Les retournements de pierres effectués par les pêcheurs à pied aboutissent à une baisse de biodiversité…
Le vide réglementaire favorise en outre le braconnage, dont l’impact n’est pas chiffré. La seule limite quantitative fixée à la pêche de plaisance est la notion d’alimentation de la « table familiale ». Elle autorise des interprétations à géométrie variable…
Des mesures ont finalement été négociées, dont le marquage du poisson pêché par les plaisanciers, afin d’éviter sa revente au noir, et le renforcement des contrôles. Les pêcheurs seront aussi tenus de se déclarer auprès de l’administration, ce qui permettra de mieux leur faire connaître la réglementation… Le permis de pêche, comme il en existe aux Etats-Unis, en Espagne, ou en Irlande, a, en revanche, été combattu par les représentants des pêcheurs amateurs, pour qui il est synonyme d’encadrement excessif et de taxation. Un bilan au bout de deux ans est prévu, au terme duquel le permis pourrait refaire surface si l’application de la charte ne donne pas satisfaction….
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<em>En pratique. 2,5 millions de personnes pratiquent la pêche de plaisance en mer : 71 % à pied, 33 % du rivage, et 25 % à bord d’un bateau, beaucoup cumulant les plaisirs. Les dépenses liées à l’activité sont estimées entre 1,2 et 1,8 milliard d’euros par an.
Prises : environ 30 000 tonnes de poissons, coquillages et crustacés sont prélevés chaque année par les plaisanciers, contre 550 000 tonnes par les professionnels, selon la première enquête réalisée sur le sujet par l’Institut français pour l’exploitation de la mer et BVA, parue en 2009.
Espèces : les plaisanciers font jeu égal avec les professionnels pour le bar (5 600 tonnes par an, contre 5 300 pour les professionnels), le lieu jaune (3 500 tonnes pour chaque) et dans une moindre mesure la daurade (respectivement 2 000 et 3 500 tonnes).</em>