… On sait que la marée noire de BP aura des conséquences à long terme, dans des zones humides déjà très fragiles. Mais l’industrie pétrolière n’avait encore jamais provoqué de catastrophe sur nos côtes. Il y a eu une série de négligences de la part de BP. Un mauvais joueur ne doit pas faire arrêter la filière. 23 000 emplois en Louisiane sont liés à l’exploitation du pétrole et du gaz. Et je ne crois pas que ce soit l’intérêt des Etats-Unis de stopper la production et de dépendre davantage de pays étrangers.
Le vrai problème du littoral de Louisiane ce n’est pas le pétrole, c’est l’érosion : nous avons perdu 500 000 hectares de marais, de bayous, de prairies humides depuis les années 1930. Chaque année, plus de 3 000 hectares supplémentaires disparaissent. C’est cela, notre prochaine crise…
Ces terres protègent La Nouvelle-Orléans bien plus sà’rement que les digues, en absorbant une grande partie de la puissance des ouragans. Et c’est toute notre économie qui dépend de cette côte où vivent 2 millions d’habitants, où l’industrie maritime rapporte 35 milliards de dollars par an, la pêche 3 milliards de dollars, et le tourisme 9,4 milliards…
L’érosion est provoquée par le manque de sédiments charriés par le Mississippi et, dans une moindre mesure, par la montée du niveau de la mer. On a commencé à apporter des sédiments pour reconstituer des terres, on dévie des bras du Mississippi, on modifie les chenaux pour les bateaux, on puise du sable au large pour reconstituer des îles qui protègent la côte de l’action des vagues…