Ce mardi 8 mars, c’était Mireille Peirano, 4ème vice-présidente, déléguée à la mer, pêche et littoral qui, en compagnie de Corinne Alenda Copitet, chargée de mission auprès de la délégation mer, pêche et littoral, recevait quelques pêcheurs et aquaculteurs varois pour écouter leurs avis sur la gestion maritime et sur le soutien apporté par la Région au secteur pêche-aquaculture et à la valorisation des apports. Madame Peirano insiste sur l’attention de la Région porté à un secteur qui joue un rôle important dans l’économie régionale littorale. Plusieurs thèmes et dossiers en cours sont discutés : reconnaissance de la gestion prud’homale, pêche du thon rouge, projet de parc des Calanques, aquaculture et mytiliculture dans la Baie du Lazaret, valorisation des apports (fêtes de la mer)
Le mercredi 9 mars, les pêcheurs de la Prud’homie de Sanary rencontraient Christine Sandel, conseillère régionale déléguée à la protection du littoral et du milieu marin. Madame Sandel, docteur en océanographie, très sensible au milieu maritime, est à l’écoute des pêcheurs professionnels dont elle reconnaît avoir beaucoup appris à leur contact. Ayant soutenu sa thèse sur les herbiers de posidonie, c’est le premier Prud’homme des Salins d’Hyères, Jean Canale, qui lui a fait changé le préjugé négatif qu’elle avait contre les ganguis. Elle siège au Parc national de Port-Cros, au Syndicat mixte de la Côte Bleue ; elle est suppléante au GIP des Calanques, chargé du projet de création du Parc des Calanques : « La Région est proche de vous pour défendre la pêche artisanale. Par ailleurs, on a besoin des aires marines protégées pour favoriser le renouvellement de la ressource. Enfin, les changements climatiques, avec leurs évolutions positives et négatives, bouleversent les pratiques ‘.
Avec ses 8 pêcheurs actifs, dont plusieurs jeunes, 6 pêcheurs retraités, 3 marins, sans compter les proches chargés de la vente des apports sur le port, la Prud’homie de Sanary reste une prud’homie active du Var. Le premier Prud’homme, Jean-Michel CEI explique que les bateaux d’une longueur inférieure à 12 m sont de taille modeste. Certains d’entre eux, en s’éloignant de la baie, permettent de réduire la pression sur les zones littorales et de diversifier les apports pour la vente directe.
Le projet de réserve de pêche de la Cassidaigne, au sein du Parc des Calanques, risque d’entraver fortement l’activité des pêcheurs varois des Prud’homies de Bandol, Sanary et du Brusc et de bouleverser l’équilibre de ces pêcheries. Les pêcheurs soulignent l’étendue inédite de cette réserve et surtout leur incompréhension face à ce projet mené sans concertation et sans explications. Héritiers de plusieurs siècles d’une gestion territoriale, ces pêcheurs sont habitués à limiter l’intensité de pêche et à la répartir dans le temps et dans l’espace afin de laisser reposer les espèces et les zones alternativement. « Des réserves à terre permettent de préserver les espèces de fond mais quel intérêt d’une telle réserve située au large, pour des petits métiers qui ciblent les espèces pélagiques ou migratrices ?«
Madame Sandel évoque la présence de dauphins.
– « Sur cette zone, il n’y en a pas plus qu’ailleurs ; les dauphins naviguent en bancs par centaines, au mois de mai ; ils font la même route. Après, on en voit quelques groupes pas loin du littoral. Et nos techniques de pêche n’ont pas d’incidence sur les dauphins ».
Conscients de l’intérêt de gérer les zones maritimes en se basant sur l’expérience acquise au cours des siècles, les pêcheurs insistent sur la nécessité d’associer les Prud’homies à la gestion du Parc, d’adopter les règlements prud’homaux comme mesures de pêche, et de requérir l’accord préalable des Prud’homies pour toute mesure touchant la pêche professionnelle.
Les pêcheurs abordent la pêche du thon rouge et les mesures qui tendent à transférer les droits de pêche à l’industrie : attribution des quotas « pêche artisanale » de l’année dernière à de grands armements pour leur nouvelle flottille de « petits senneurs », suppression a-posteriori des permis de pêche spéciaux (PPS) aux pêcheurs artisans qui n’ont pas attesté de 2 t de captures les années précédentes, récupération des quotas par les règles de fonctionnement des OP du Golfe du Lion… Déjà que le quota prévu cette année est très réduit, s’il n’est pas réparti entre les régions, ce quota sera épuisé dans le Golfe du Lion avant que les thons n’abordent nos eaux. Ne pouvant attester de captures, les bateaux varois se verront supprimer leur PPS l’année prochaine… Les pêcheurs insistent sur l’abondance actuelle du thon rouge et sur le fait que c’est la meilleure opportunité actuelle pour la gestion économique, sociale et environnementale des pêcheries. L’interdiction de la thonaille n’est pas fondée et ne prend pas en compte l’impact du report de l’activité sur les autres espèces et sur la zone littorale…
Concernant la concurrence de la pêche récréative, les pêcheurs professionnels se montrent réticents sur l’idée d’une licence qui, compte tenu du nombre de personnes concernées, sera difficile à contrôler. Interdire les moyens de relevage assistés et fixer des plafonds de capture pour limiter le volume des prises et le braconnage semblent préférables. Pour le respect des engins de pêche calés, il est suggéré de développer la formation et l’information auprès des plaisanciers. Les postes de pêche situés le plus souvent dans la bande des 300 mètres pourraient faire l’objet d’un balisage spécifique, d’autant plus que les filets mixtes calés sur ces postes veillent sur l’eau. Enfin, certaines zones, comme la Cassidaigne le week-end, ne sont plus accessibles aux professionnels tant les pêcheurs de loisirs y sont nombreux. Il est donc proposé de réserver certaines zones à la pêche professionnelle comme cela se fait déjà dans le Parc National de Port-Cros.
A propos des aires de mouillage, M. Bindewald, pêcheur d’oursins en plongée , témoigne que le vent de largade enlève beaucoup plus de posidonies que le mouillage des bateaux. C’est ce qu’il observe depuis plusieurs années dans la zone des Magnons. André Bérenger, marin au commerce et pêcheur aux petits métiers, rappelle la venue de 26 bateaux croisiéristes au cours de la prochaine saison. « Des ancres de 20 t qui dérapent sur 50 m, cela n’arrange pas les fonds« . Une zone de mouillage pourrait être délimitée pour ces bateaux afin de limiter l’impact des ancres…
Pescatourisme, certains pêcheurs sont intéressés par cette expérience menée de longue date en Italie mais la taille de leurs bateaux n’est pas conforme avec la réglementation prévue actuellement. D’autres pêcheurs attendent que la réglementation soit enfin établie et adaptée à leur activité…