Deux pêcheurs au lamparo, Jacques Hawrot et Hubert Bati reviennent sur des idées toutes faites et parlent de leur métier. C’est toujours étonnant la divergence d’échos entre les messages médiatiques et les témoignages des professionnels…
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La gestion des pêches passe d’abord par la gestion commerciale. Quand le prix de la sardine à l’importation est très bas, les pêcheurs locaux artisans qui pratiquent la senne tournante ne peuvent plus rentabiliser leur activité. « Les mareyeurs n’accordent même pas un prix stable… En Norvège par exemple, il y a un prix annuel ».
« Le thon, il fallait surveiller la longueur des filets de la thonaille mais ces 130 bateaux qui faisaient la pêche au large 6 à 8 mois de l’année se sont reportés sur une ressource plus à terre qu’ils mettent à mal, c’est une mauvaise gestion ! Nous, on est embêté par le thon, c’est à block, il est à 500 m des côtes, il chasse dans la sardine et l’anchois, on n’arrive pas à pêcher la sardine à cause du thon. J’ai fait la traversée Marseille – Toulon il y a un mois, on a vu du thon de partout et une baleine à 500 m du port, on n’a jamais vu ça !… En ce moment, le poisson bleu : l’anchois, la sardine, le thon, y en a plein ! Quand on dit qu’il y en a pas, c’est qu’il a bougé. Avant à Marseille, y avait 42 lamparos qui trouvaient toujours le poisson. Aujourd’hui, je suis seul à Toulon pour faire ce métier et la mer est grande, je trouve pas toujours la sardine car elle a bougé… L’arrêt des chalutiers, cela va faire du bien. Le lamparo pêche beaucoup en une fois mais c’est un métier de beau temps, on n’a très peu de jours de sortie, on est géré par la météo principalement… En ce moment, le poisson est à terre et les chalutiers ne peuvent pas rentrer à terre, c’est pour ça qu’ils pêchent pas… Mais y en a beaucoup du poisson bleu, et de toutes les tailles…
La sardine, l’anchois, le maquereau, c’est un poisson excellent que l’on peut manger toute l’année, un poisson bleu très riche et qui ne coà’te pas cher. L’hiver, la sardine est moins grasse, on la fait en friture au lieu de la griller, et c’est toujours de la sardine. Le poisson d’élevage n’a de poisson que le nom.
Le lamparo est un métier sélectif, je prends 3 tonnes de poissons en un coup de filet, j’appelle le mareyeur, s’il a besoin d’une tonne, je relâche le reste qui est toujours vivant, il y aura au maximum 10% de perte. C’est du poisson magnifique qui n’est pas frotté par le filet, ni écrasé… à‡a n’a rien à voir avec le chalut pélagique.
Je travaille de nuit, à la lumière. C’est une zone à Toulon où il faut travailler comme cela. A Marseille, on travaille au sonar, au lever du jour. Le filet ne touche pas le fond. Quand le poisson est très profond, on le fait lever avec la lumière. On est trois, le patron et 2 matelots. Avant, il y avait 10, 12, 14 marins sur des bateaux de 20m. On ne trouve plus de matelots alors on travaille avec des bateaux plus petits et plus automatisés…
Avec le changement climatique, on a moins de jours de pêche. En avril, on a fait seulement 4 sorties, c’est donc un métier qui protège beaucoup, c’est très différent d’un chalutier pélagique qui peut sortir par gros temps… On a plus de courant que d’habitude mais c ‘est toujours le courant Ligure ; cette année le poisson est arrivé en retard car il a fait froid cet hiver… certaines années y en a plus ou moins mais c’est normal, ce sont des cycles. Après, y a des vagues qui arrivent…. On prend sardine, anchois, maquereaux, sévereau, pélamide… tout le poisson pélagique.