Reportages audio :
François SARANO
Murielle Barra
Albert Falco, « Bébert » pour ses proches, a écrit les pages les plus glorieuses de l’histoire de l’exploration sous-marine. Né le 17 octobre 1927 à Marseille, il découvre la plongée libre dès son plus jeune âge dans la calanque de Sormiou, avant d’être initié à la plongée en scaphandre autonome par son « grand frère ‘ Georges Beuchat. Embarqué à bord de la Calypso dès 1952 en tant que plongeur bénévole pour les fouilles du Grand-Congloué, il est embauché dans l’équipe le 19 septembre de la même année. Successivement plongeur, chef plongeur, chef de mission puis capitaine de la Calypso, il participe aux différents projets du Commandant Cousteau depuis les débuts de l’équipe jusqu’à sa retraite. Il fait partie de la première équipe de plongeurs de la Calypso à l’époque où Cousteau et ses hommes plongeaient encore avec des détendeurs modèle CG45, premier détendeur à être fabriqué en série. Albert Falco a aussi joué un rôle important dans le film que Cousteau a réalisé en 1955 avec Louis Malle : « Le Monde du silence » qui obtint une Palme d’or à Cannes en 1956 et un Oscar à Hollywood la même année.
« Je lui ai demandé d’être mes yeux sous la mer »…
… confessait le commandant Cousteau. Avec Claude Wesly, Albert Falco est le premier «océanaute ‘ à avoir vécu sous la mer lors de l’expérience sous-marine Précontinent I. Une première mondiale : deux plongeurs vivent sous l’eau pendant plusieurs jours, dans un «tonneau ‘ immergé. Il participe ensuite aux deux autres expériences qui en furent la continuation : Précontinent II sur le site de Shaab Rumi au Soudan en 1963 et Précontinent III au large de Nice en 1965 en tant que responsable sécurité. Le film « Le Monde sans soleil » est tourné durant Précontinent II au cours duquel Falco et l’équipe expérimentent la vie sous la mer durant 30 jours à – 10 mètres de profondeur dans des «Maisons sous la mer ‘, sans refaire surface et en sortant des maisons chaque jour pour travailler. Durant les années 60, il réalise plus de 300 plongées à des fins scientifiques et cinématographiques aux commandes de la soucoupe plongeante « Denise ». Il prend sa retraite en 1990 après 37 ans et demi à bord de la Calypso et 48 ans de travail au total, et parraine plusieurs projets, tel que le projet PlanetSolar, le premier tour du monde en bateau solaire et mène son combat pour la création de réserves sous-marines.
Albert Falco s’éteint le 21 avril 2012 à Marseille, quelques jours après la création du Parc national des Calanques, projet pour lequel il s’est battu, et peu après la réalisation du film documentaire réalisé par Sylvain Braun et Murielle Barra, « Albert Falco, l’océanaute », projet en avant-première à l’Unesco, le 8 juin dernier, journée mondiale des océans :
« J’étais adolescent quand, chaque semaine, comme des millions de personnes à travers le monde, je découvrais un nouvel épisode des aventures du Commandant Cousteau. Fait rarissime, ce programme télévisé rassemblait toute la famille, des enfants jusqu’aux grand-parents. Je me passionnais pour les missions de ces aventuriers, de ces baroudeurs des mers. Et ils étaient en couleurs, dans le petit écran de mon salon, bien réels avec leurs bonnets rouges ! Pour être honnête, je me serais bien vu à leur côté, combattant pour informer le monde, à l’image de celui dont le nom revenait dans tous les épisodes : Falco !
Quand il fallait armer la soucoupe, c’était pour Falco. Quand il fallait descendre toujours plus profond, c’était encore une mission pour Falco. Celui qui avait réussi à filmer une espèce jusque-là inconnue… c’était Falco.
(…) Lorsque je l’ai rencontré, j’ai découvert une autre facette de l’aventurier dont je connaissais le nom plus que le visage. C’est un homme simple, au sens noble du terme. « J’ai juste été là au bon moment, au bon endroit » dit-il pour justifier l’extraordinaire richesse de sa vie (…)
Quand il nous a proposé de partager ses archives, ses carnets de bord, ses films, c’est dans le but précis de continuer l’oeuvre qu’il avait entreprise il y a 60 ans, dans une calanque de Marseille, en embarquant sur la Calypso. En si peu de temps, à l’échelle de la Nature, il a vu se dégrader un monde qu’il a appris à aimer, dans lequel il a appris à se fondre, pour mieux l’observer et le comprendre.
(…) Au cours de son existence hors du commun, il a vu des problèmes mais il a aussi imaginé des solutions.
C’est précisément ce que je souhaite mettre en lumière dans ce documentaire ».
Sylvain Braun,
Réalisateur du film documentaire »Albert Falco, l’océanaute »