Pêcheurs : les nouveaux réfugiés de la conservation

centre for environmental and marine sciencesExtraits traduits du site « Centre for environmental and marine sciences » University of Hull de Magnus Johnson

« Les pêcheurs sont un peu comme les peuples indigènes. Ils vivent en quelque sorte en marge de la société, ils travaillent à  des heures irrégulières, ont leurs propres codes sociaux, peuvent parfois être considérés comme des rustres, faisant des choses que la plupart des gens ne comprennent pas, et sont considérés par beaucoup comme des prédateurs, s’emparant des ressources communes sans payer en retour. La plupart des organismes de conservation semblent trouver commode d’ignorer le fait que les pêcheurs ont travaillé en mer pendant des centaines ou des milliers d’années (sans ajout de tonnes de pesticides, d’engrais ou utilisation d’OGM). En passant, vous pourriez aimer regarder comment un scientifique de la pêche de renommée mondiale (Ray Hilborn) compare les impacts écologiques de la pêche à  ceux de l’agriculture…Quatorze millions de personnes autochtones ont été chassées de leur terre par des activités de conservation. Les peuples autochtones ont vécu sur leurs terres pendant des générations et leur comportement a généralement été déterminé par des normes plutôt que par des lois, et ce qu’ils avaient à  faire pour survivre. Les gestionnaires des aires protégées sont financés par les ONG occidentales dont le comportement est déterminé par l’économie, les lois, l’idéalisme et une science superficielle. Souvent, la pauvreté est utilisée comme un argument pour « améliorer ‘ la vie des peuples primitifs.

Brockington signale : « Un problème auquel sont confrontés les acteurs de la lutte contre la pauvreté est la façon dont la pauvreté est quantifiée. Le revenu personnel est la référence. Il semble impossible pour les économistes de comprendre que les gens qui vivent dans l’absence totale d’argent peuvent être beaucoup plus riches que leurs proches voisins qui vivent à  la lisière de l’économie locale (et mondiale). Les peuples autochtones qui gagnent zéro dollar par jour, mais qui ont un régime alimentaire équilibré, riche en protéines, de l’eau potable, une protection contre les éléments, des médecines traditionnelles et une culture forte, ne devraient pas être placés sous ou même sur un pied d’égalité avec les personnes qui gagnent quelques dollars par semaine à  des tâches subalternes, mais qui ont des durées de vie courtes, une mauvaise santé, qui sont sous-alimentés, n’ont pas accès aux médicaments, et ont une culture fruste. ‘

Les peuples autochtones sont généralement considérés avec dégoà’t dans leur pays d’origine. Considérons par exemple comment le citoyen moyen au Royaume-Uni considère les gitans, comment les Indonésiens voient les Bajo, la maltraitance des Inuits en Amérique du Nord et le mauvais traitement des Aborigènes par les Australiens. Une grande partie de cela est lié à  la façon d’évaluer les biens. Les peuples autochtones qui vivent souvent en petits groupes, survivent grâce à  la responsabilité sociale et la réciprocité, un système de valeurs souvent facilité par des liens familiaux étroits.

Les conservationistes aiment le mot SCIENCE. Brockington et Igoe soulignent que, généralement, les organisations revendiquent ce mot quand elles s’efforcent d’acquérir le pouvoir et le prestige, et pour supprimer toute opposition. Le public a du mal à  remettre en question les « faits scientifiques ‘ et diverses techniques sont employées par des organisations de conservation : choix sélectif des faits à  utiliser, utilisation des faits non pertinents mais qui semblent impressionnants, et ignorance des vérités dérangeantes.

Les pêcheurs sont un peu comme les peuples indigènes. Ils vivent en quelque sorte en marge de la société, ils travaillent à  des heures irrégulières, ont leurs propres codes sociaux, peuvent parfois être considérés comme des rustres, faisant des choses que la plupart des gens ne comprennent pas, et sont considérés par beaucoup comme des prédateurs, s’emparant des ressources communes sans payer en retour. La plupart des organismes de conservation semblent trouver commode d’ignorer le fait que les pêcheurs ont travaillé en mer pendant des centaines ou des milliers d’années (sans ajout de tonnes de pesticides, d’engrais ou utilisation d’OGM). En passant, vous pourriez aimer regarder comment un scientifique de la pêche de renommée mondiale (Ray Hilborn) compare les impacts écologiques de la pêche à  ceux de l’agriculture…

La pêche est sans doute l’un des derniers métiers où l’on peut réussir uniquement à  force de travail acharné et de ténacité.

Récemment, nous avons vu l’application de haut niveau de la pseudo-science au monde de la pêche par un cuisinier. Oseriez-vous demander à  un pêcheur comment couper les légumes ? Hugh Fearnley Whittingstall se fait d’énormes quantités d’argent par sa harangue publique contre la pêche (Fishfight n’est pas un organisme de bienfaisance). Avec sa première campagne contre les rejets en mer, j’ai juste senti une légère irritation en voyant que quelqu’un qui coupe les légumes et cuit la viande a pu aller plus loin que les scientifiques, des halieutes, qui se battent pour résoudre le problème des rejets depuis des années. Plus récemment, cependant, il a sauté dans le train en marche de la création de réserves marines. Quelque chose que les riches organisations de propagande telles que Conservation International et Greenpeace ne sont que trop heureuses de soutenir. Je recommande d’écouter  Ray Hilborn pour apporter un peu d’équilibre face à  ce déluge d’informations erronées grassement financées.

Le fait qu’il n’y a pratiquement aucune preuve pour étayer l’idée que les réserves fonctionnent dans des zones tempérées, en particulier sur des sédiments mous, semble avoir été complètement ignorée. Le gouvernement et les gens les plus éclairés s’accordent pour dire qu’il y a un manque total de preuves pour soutenir la mise en place de la plupart des réserves proposées et certains travaux qui suggèrent leur prédominance en tant que paradigme de l’écologie de conservation est fonction de l’idéologie plutôt que de la science à  l’état pur. Les gens ordinaires aiment croire que si vous laissez faire, les choses iront mieux et le monde retournera à  un état mythique d’Eden  » « l’illusion du paradigme de l’équilibre ‘.

La conservation réelle et positive / la gestion de la ressource, nous obligent à  examiner les choses plus globalement plutôt que de s’intéresser à  des espèces particulières et de tracer des courbes sur des graphiques . Comme Ostrom le disait , les situations complexes exigent des solutions complexes- il n’existe pas de solution unique, pas de solution miracle. Comme Beth Fulton l’a dit lors du dernier Congrès Mondial des Pêches, « nous devons avancer avec prudence et à  grands pas ‘.

Chasser les pêcheurs des zones où ils ont pêché pendant des générations, afin de soulager les consciences de la classe moyenne, d’intellectuels hippies en sandales, n’est pas la réponse. Regardez cette carte (fournie par Marc Cohen, de Holderness Fishing Industry Group) et voyez sur quelle étendue cette zone sera interdite aux pêcheurs. En conséquence, on pêchera de plus en plus sur une zone réduite, de manière non durable, étant donné que la pêche est de plus en plus étranglée. Il n’existe aucune preuve d’un effet réserve (spillover effect) susceptible de se produire dans ce secteur. Notez comment les réserves contournent les exigences de l’industrie énergétique (nouveaux acteurs sur le terrain) mais pas celles des pêcheurs « arriérés ‘. Les pêcheurs sont susceptibles d’être les nouveaux réfugiés de la conservation, et si les extrémistes arrivent à  leurs fins, il y aura une plus grande marginalisation, des pertes d’emploi, et la pauvreté dans les villes et les villages côtiers au Royaume Uni. Dans les plus jolies, il y aura les résidences secondaires de la classe moyenne fuyant la ville, envahies l’été, couvertes de plantes sauvages, et dont les magasins seront fermés en hiver.

Bien que mes ancêtres étaient pêcheurs et chasseurs de baleines, je ne suis pas aveuglément pro-pêche, et je ne suis pas anti-écologiste. Je suis juste anti-bêtise. »

Dr Magnus Johnson est biologiste marin au
« Centre for Environmental and Marine Sciences ‘. Son texte n’engage que lui.

Ce contenu a été publié dans Environnement, Pêche: Gestion, Politique. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.