Reportage audio : Pousse-pied – L’Encre de Mer
« Du Rififi dans l’écume« , le film documentaire du réalisateur Herlé Jouon, a été projeté non sans une évidente empathie pour les pêcheurs de pousse-pieds, de la part du public du 5ème Festival international de films Pêcheurs du monde. Si les Bretons, particulièrement du sud de la Bretagne, ne découvraient pas cette pêche, ceux venus d’ailleurs défloraient parfois le sujet. Pour sa part, le réalisateur Herlé Jouon a projeté à deux reprises son attention sur ces pêcheurs téméraires : avec « A l’assaut des déferlantes » (triptyque de trois pêches, la pêche à la coquille Saint-Jacques pendant les 45 minutes imparties par le règlement, le bar à la ligne dans les eaux mouvementées de l’île de Sein, et la pêche au pousse-pied) et avec « Du rififi dans l’écume« , l’un et l’autre diffusés par Thalassa et par Planète + Thalassa.
Si Thierry Guéguin – et son compère Marc, sa « jambe droite » comme il appelle cet ami avec qui il pêche de longue date – suscitent cette empathie c’est, bien sà’r, parce qu’il exercent un « métier d’homme »… et que l’idée même que l’on parle de lui ainsi le mettrait en colère. Parce que sa passion est de taquiner les éléments, ce n’est justement pas le style du gaillard, que de se prendre pour ce qu’il n’est pas. « Comme nous sommes de modestes gens, nous nous contentons d’une modeste journée ! « résume-t-il en fin paysan dans « Du rififi dans l’écume« , le fruit de sa journée. Dans « A l’assaut des déferlantes« , c’est à la bonne enseigne « Nitra Hemb Poen » , « Rien sans peine » (pour les gourmands : 22 rue du Port, à Quiberon) que le gaillard a fait goà’ter des pousses-pieds à Herlé Jouon.
Sauf qu’aujourd’hui, le crustacé a un goà’t amer : pendant que les pêcheurs français ont une licence de pêche pour 70 jours, quota permettant de protéger la ressource, les braconniers par leurs méthodes-mêmes, ont quartier libre et ne semblent guère être inquiétés. Le petit métier de pêcheur de pousse-pieds se sent doublement lésé : en amont, en quelque sorte, les braconniers espagnols pêchant à volonté sur leurs brisées. En aval, puisque les espagnols fixent les prix d’achat aux pêcheurs français, le marché étant quasi-exclusivement espagnol. De là ce que les prix soient fixés par une filière made in braconniers, le film ne le suggère pas, mais, après tout et puisque tout ou presque est permis… .
Mais pourquoi cette complaisance vis à vis des braconniers espagnols ? La mise à l’eau d’un zodiac, et une voiture voire un camion qui vous attend sur la côte, cela devrait pourtant se repérer. « Qu’est-ce qu’ils en ont à foutre de cinquantaine de bonhommes, quelle histoire! … Défendre la pêche, cela ne vaut pas le coup« . A entendre Thierry Guéguin, c’est un peu comme sur la route, tant qu’à verbaliser, autant que la prise soit bonne ; « Ces moyens-là , s’ils ne les utilisaient pas pour harceler les pêcheurs de thon et les autres pêcheurs en mer, ils auraient plus de moyens pour faire la surveillance des petits métiers. »
En Méditerranée, la pêche illégale touche les oursins. Et les Prud’homies ont beau avoir un pouvoir de police, pas facile de le mettre en pratique,