Question à l’Assemblée nationale de Jean-Sébastien Vialatte, député du Var et maire de Six-Fours les plages, portant sur la réforme de la Politique Commune des Pêches, suivie de la réponse du Ministre, et d’un commentaire de l’Encre de mer.
« Les pêcheurs suggèrent, dans le cas des pêches artisanales, de mieux axer la recherche sur le fonctionnement des écosystèmes en intégrant l’observation des pêcheurs, plutôt que de chercher à comptabiliser systématiquement des volumes de capture dont l’impact sur les modèles globaux est négligeable. Comprendre, voire anticiper, l’évolution du fonctionnement des territoires compte tenu du changement climatique peut s’avérer bien plus important que de fournir laborieusement des données pour construire, à long terme, des courbes d’évolution globale. C’est pourquoi il demande au Ministre les suites qu’il entend donner à cette proposition des patrons pêcheurs de Méditerranée. »
Réponse du Ministre : « La PCP doit se fonder sur une approche équilibrée de développement durable. Il est indispensable que les stocks halieutiques soient bien gérés, afin de préserver la ressource et de maintenir les emplois de toute la filière pêche. Les connaissances scientifiques sont indispensables pour permettre une gestion durable et responsable de ces ressources. A ce titre, la mise en place de partenariats entre scientifiques et pêcheurs doit permettre de fournir des analyses fiables, reposant à la fois sur les constatations des professionnels et sur l’expertise des scientifiques. Cette approche est indispensable pour la gestion des pêcheries traditionnelles et côtières de la façade méditerranéenne. Les constatations des pêcheurs ont permis de mettre en place des mesures pour l’anguille, espèce ciblée par les petits artisans, ou pour défendre la pêche au gangui, petit métier traditionnel utilisé par les pêcheurs varois. Sur ces deux dossiers sensibles, ce sont les remontées des territoires qui doivent permettre une gestion raisonnée et durable. La réforme de la PCP doit permettre de renforcer cette approche, en renforçant les exigences scientifiques pour atteindre le rendement maximum durable (RMD) et en proposant une mise en place régionalisée de la gestion des pêches, proche des territoires. La spécificité des petits métiers de la Méditerranée doit être défendue : pêche à la senne tournante et coulissante, pêche aux sennes de plage, pêche à la poutine pratiquée dans les Alpes Maritimes, pêche au gangui. C’est une action prioritaire pour le Gouvernement. «
Question n° 3828 du 11/9/2012, réponse du 9/7/2013
Commentaire de l’Encre de mer : cette réponse soulève plusieurs questions.
– Comment les scientifiques pourront-ils calculer un RMD sur les multiples espèces pêchées sur le littoral méditerranéen, difficiles à estimer quantitativement ? D’autant plus que l’estimation des stocks prend beaucoup de temps alors que le changement climatique semble bouleverser rapidement les donnes…
– Quelle est l’échelle « régionalisée » ? S’il s’agit de la vision européenne, la régionalisation se fait à l’échelle du bassin méditerranéen, soit une échelle beaucoup plus grande que les territoires économiques et sociaux de nos régions littorales, une vision « déterritorialisée » de fait.
– La grande spécificité de cette pêche méditerranéenne reste la gestion prud’homale des territoires, une gestion qui a fait ses preuves pour les petits métiers, tout au long de l’histoire. Pourquoi ne pas s’appuyer sur cette gestion prud’homale dans le cas de la petite pêche artisanale, plutôt que de vouloir parachuter une nouvelle gestion des pêches, dites proches des « territoires » ?