Boues rouges : courrier d’un pêcheur d’oursins de La Ciotat au Commissaire enquêteur

Photo Philippe Joachim

Photo Philippe Joachim

Monsieur le président,

Je me permets de m’adresser à  vous en tant que professionnel de la pêche.

Je suis pêcheur d’oursins depuis 1989, et si dans les années quatre-vingt-dix la corporation avait une activité prospère, avec un stock à  prélever à  peu près constant, force est de constater que, depuis une quinzaine d’années, nous avons vu notre ressource diminuer de façon considérable et, malgré les gros efforts consentis par la corporation, cette diminution du stock s’accentue et nous ne voyons pas d’issue à  cette situation.

Lorsque j’ai commencé mon activité, nous étions vingt-cinq titulaires d’une autorisation de pêche, regroupés en syndicats, et veillions à  une gestion rigoureuse de l’activité. Sachant que chaque plongeur doit être surveillé par un matelot veilleur c’est une cinquantaine de familles qui vivaient de cette pêche.

Nous ne sommes désormais plus que douze titulaires d’une autorisation, dont seulement quatre ou cinq à  pratiquer, et nous ne parvenons plus à  vivre décemment de notre activité.

Pour ma part, malgré une forte demande, je n’arrive à  fournir que moins d’un quart de ce que je vendais avant.

Nous avons réduit nos périodes de pêche et sommes passés de huit mois (mois en R) à  seulement cinq mois et demi (1/11 au 15/04), et malgré ces sacrifices nous voyons les oursins disparaitre d’une manière inéluctable.

Je ne prétends pas avoir la certitude que les rejets qui inondent notre zone d’activité depuis trop longtemps soient directement liés à  la raréfaction de paracentrotus lividus mais des études ont quand même démontré l’impact négatif des effluents concernés sur la reproduction et les populations d’oursins.

Pour cette raison, pour que nous puissions à  nouveau vivre de notre métier et que nous laissions aux générations futures une mer moins polluée, je m’oppose à  tous rejets néfastes à  la Méditerranée ainsi qu’aux nouveaux effluents proposés par l’industriel, dont aux moins 7 composants hors normes sanitaires nous inquiètent au plus haut point.                                                      

En espérant que mon témoignage vous éclaire sur la réalité des faits…

 

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