Rejets Altéo, lettre d’un conseiller en écologie marine

Monsieur le Commissaire enquêteur,

Dans le cadre d’un programme de recherches et d’évaluation des réserves de corail  rouge à  la Faculté de Luminy  » Marseille en 1987, sous ma direction scientifique et avec l’aide du sous-marin Nérée 201 appartenant à  la Société De Recherches Sous-Marines (SDRSM), nous avons effectué 90 immersions de Marseille à  Nice. Six immersions ont été faites au large de Cassis et de La Ciotat entre « 60 m et « 200 m de profondeur.

Lors de ces immersions, arrivés à  « 124 m de profondeur, la visibilité était nulle (nuage rouge).

Ce phénomène m’a amené à  me poser certaines questions sur l’état du pipeline qui devait déverser ce résidu à  -330 m. A-t’il été cassé et déverse-t’il moins profond ? En effet, ce n’est pas L’UPWELING, courant ascendant, qui peut déposer de telles quantités de boue rouges sur le plateau continental.

J’ai alors contacté M. Jean TARDITO, Député Maire des Bouches-du-Rhône, qui a soumis mes interrogations à  M. Michel BARNIER, Ministre de l’environnement et qui m’a fait parvenir une partie du dossier confidentiel concernant les boues rouges.

Il est précisé, dans ce dossier datant de 1992, que ces boues rouges apparaissent sur le plateau continental, à  « 103 m de profondeur ainsi qu’en surface et que ce résidus est spermio-embryo-toxique et ce, même à  très forte dilution.

Un dépôt de 34 m d’épaisseur se situe au large de Cassis et un dépôt d’environ 10 cm d’épaisseur au large de Toulon.

Suite à  ces informations, M. Jean TARDITO et moi-même avons également alerté Mme  Ségolène ROYAL, Ministre de l’environnement, en janvier 1993.

En 2013, j’ai également adressé un rapport à  Mme Delphine BATHO, Ministre de l’écologie au sujet de la BAUXALINE (toxique et radioactive) déposée, sans aucune précaution, à  la décharge du Mentaure à  La Ciotat.

Même si le pipeline déverserait ce liquide toxique et radioactif à  « 330 m, « d’après l’industriel ‘, plusieurs paramètres permettent à  ce rejet toxique de remonter à  la surface, et au courant LIGURE de le transporter tout le long du littoral malgré l’effet « tampon ‘ de la mer, à  savoir :

* la densité de l’eau de mer étant de 1 027 kg/m3,

* la densité du rejet étant de 1 008kg/m3 (eau douce + produits toxiques et métaux lourds) à  raison de 270 m3/h non-stop,

* la présence du courant ascendant UPWELING.

 EN CONCLUSION,

La pollution développée par ce rejet liquide va entraîner et entraînera, à  court et à  très long terme, de graves conséquences irréversibles, à  savoir :

*La remontée en surface de ce rejet liquide toxique et radioactif et

*La remontée en surface, par aspiration dà’e au courant, de la partie solide des boues rouges.

*La dégradation du phytoplancton source de 60 pour cent d’oxygène de notre planète et départ de la chaîne alimentaire.

*La plupart des pêches au niveau mondial se passe en bord de fosse. Dans notre cas, à  la place de remontée des nutriments sur le plateau continental, ce sont des remontées de produits toxiques et radioactifs.

*La disparition progressive des ressources marines (poissons, oursins, etc) avec une récurrence accrue des pertes d’emplois (durables et non délocalisables) liées aux métiers de la mer s’évaluant déjà , sur les documents des Prudhommies régionales, à  plusieurs centaines d’emplois, depuis 1966.

*La contamination des produits de la mer (déjà  à  la limite de la consommation) ainsi que la qualité des eaux de baignade avec un grave impact sur la santé publique, l’économie et le tourisme.

Nota:   Arsenic, dépassement de 17 fois les normes.

Radioactivité naturelle de la mer :     12 Bq/L

Radioactivité du rejet :                      750 Bq/L

Radioactivité du minerai Bauxite de GUINEE :

Thorium 232 :                        529  Bq/Kg

Uranium :                               495  Bq/Kg

La radioactivité de ces déchets peut être trois fois plus forte que les minerais car ils sont réduits en poudre et les particules les plus fines de ces minerais sont les plus toxiques.

Depuis 1966,

30 millions de tonnes de boues rouges ont été déversées en mer et 6 millions de tonnes à  terre.

On note une recrudescence de cancers à  proximité des décharges à  terre, notamment deux cancers du cœur, extrêmement rares, de riverains les plus proches de ces décharges.

Monsieur le Commissaire, je demande

– une expertise effectuée par  un organisme INDEPENDANT de l’état de la canalisation en mer et la profondeur exacte du rejet de ce fléau, qu’elle soit rendue publique

– que les personnes pour le REJET en mer de ce rejet TOXIQUE s’engagent nominativement (dixit le vote à  bulletins secret du Conseil d’Administration du parc des calanques) et ne fuient pas leurs responsabilités (le cas de l’amiante, du sang contaminé, de la vache folle et du merlan fou…….) et enfin,

– de respecter La Convention de Barcelone du rejet en mer SOLIDE ET LIQUIDE, fin décembre 2015.

Je vous prie, Monsieur le Commissaire, de recevoir mes cordiales et respectueuses salutations.

Gérard Rivoire, Conseiller en écologie marine, Chevalier de l’Ordre du Mérite Maritime,

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