Un virus c’est pas rigolo. On tente de s’en débarrasser… (saison 2)

1. D’abord il faut que les virus rentrent dans notre corps.

C’est un peu facile car il a des portes grandes ouvertes : la bouche et le nez (et même, peut-être, les yeux !) Autant vous le dire, ces portes conduisent à  des tuyaux qui pénètrent profondément dans notre corps. D’où l’idée de ne pas respirer les gouttelettes produites par les autres et autres gestes barrière. On les connait par cœur maintenant.

Le virus se multiplie très bien dans la gorge d’ailleurs. Puis il descend dans les voies respiratoires. Il adore cet endroit car c’est très humide et il peut s’y multiplier.

appareil respiratoire

En fait, tous ces tuyaux sont tapissés de cellules qui possèdent des cils et qui produisent un liquide visqueux : le mucus. Ces cellules forment les muqueuses. Et les cils bougent sans arrêt pour faire remonter les cochonneries qui rentrent (poussières, pollens, gros microbes, etc) On peut s’imaginer une poussière emportée vers la sortie comme un surfer sur sa planche. Tout arrive au fond de la gorge. Alors ça « gratte ‘ et on avale (ou on crache). Il semble que le SARS-CoV-2 détruise pas mal les cellules ciliées de la muqueuse. On en verra les conséquences plus tard.

2. les virus se font manger

Heureusement des sentinelles veillent aux intrusions. Ce sont des globules blancs qui sont mêlés à  la foule des cellules de la muqueuse. Ils « mangent ‘ les cellules infectées (on dit qu’ils les phagocytent)

Les principaux sont les macrophages (des gros mangeurs), les cellules dendritiques (de dendron qui veut dire arbre en grec) et les NK (Natural Killers)

La phagocytose c’est génial car les globules blancs qui ont mangé les microbes vont exposer à  leur surface des morceaux de virus. Et principalement des morceaux de la fameuse protéine qui couronne le virus (voir le premier épisode). Ces molécules s’appellent des antigènes. Un petit schéma va permettre de mieux comprendre.

3. En même temps l’intrusion du virus déclenche une réponse immunitaire beaucoup plus élaborée.

La première ligne de défense est souvent débordée. Alors il faut montrer le grand jeu. Mais ça va prendre quelques jours.

Les phagocytes, déjà  évoqués, vont, en quelque sorte, montrer les fragments moléculaires du virus (les antigènes) à  d’autres globules blancs beaucoup plus spécialistes qui se promènent sans arrêt partout. Les savants, même ceux de Marseille, les appellent les lymphocytes. Vous avez reconnu le mot lymphe, c’est parce qu’ils mûrissent dans la lymphe. D’ailleurs, ils se multiplient dans les ganglions lymphatiques qui se mettent à  gonfler. Tout le monde a déjà  eu des ganglions gonflés, non ? Et même au sens figuré !

Ce n’est pas pour vous embêter mais il y a deux sortes de lymphocytes : les lymphocytes T (LT) et les lymphocytes B (LB).

Le casting est complet. Et c’est une vraie guerre qui va se dérouler (d’ailleurs notre président l’a dit)

4. La bataille est titanesque

Les LT contactés par les cellules qui présentent les morceaux de virus sélectionnés se multiplient et deviennent des « serial killers ‘. Ils détruisent les cellules infectées après s’être fixés sur celles-ci. Les scientifiques, un peu mutins, ont appelé cela le « baiser de la mort ‘ ! Car les LT se fixent sur les cellules infectées, style  « collé serré », puis ils les tuent.

Les LB recrutés se multiplient et se mettent à  fabriquer des molécules appelées anticorps (ou Ig). Ils deviennent rapidement des usines à  anticorps. Ces molécules vont être produites en très grande quantité et circuler dans tous les liquides de l’organisme. Les virus n’ont qu’à  bien se tenir car les anticorps se lient aux antigènes contre lesquels ils ont été fabriqués, ce qui va les neutraliser. Ces assemblages vont être facilement détruits par le système immunitaire.

Autre donnée très importante, toutes ces réactions sont activées, stimulées, régulées par des substances produites par les cellules qui phagocytent et les LT : les cytokines. Ce sont des signaux chimiques qui permettent à  ces cellules d’agir à  distance sur d’autres cellules. C’est comme si on communiquait entre humains par des molécules odorantes, par exemple. En fait ça existe, non ?

Enfin, bon à  savoir, des LT et des LB vont garder la mémoire du virus. Du coup, la prochaine fois le système immunitaire se mettra en route plus rapidement et plus efficacement. On dit qu’on est immunisé. Bon, des trouble-fête ont trouvé que, chez certains individus, le système immunitaire ne gardait pas la mémoire du SARS-CoV-2

Je vous résume tout ça sur un schéma un peu compliqué certes mais suivez bien les flèches.

La plupart du temps notre système immunitaire se met en marche très efficacement et élimine le virus mais pas complètement. On est porteur sain.

Suite dans l’épisode 3 où nous verrons comment la maladie COVID-19 peut être très grave, heureusement pour une minorité (à  l’heure où je finis ce texte cette maladie a tué 97 personnes pour 1 million d’habitants dans le Var, soit 0,01 %). Le suspense est à  son comble.

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